Depuis longtemps, Shopify a intégré plusieurs options de financement à destination des petites entreprises qui recourent à sa plate-forme de e-commerce pour distribuer leur production. Bientôt, elle leur proposera également un compte bancaire, basique mais adapté à leurs besoins, en réponse aux limitations des offres d'établissements historiques.
Tandis que la crise sanitaire et les confinements volontaires ou forcés qui l'accompagnent ont certainement eu un effet positif sur une entreprise qui promeut un modèle de vente multi-canal, Shopify a désormais en ligne de mire, comme d'autres acteurs de l'économie internet, les services bancaires et l'inadéquation des solutions traditionnelles – conçues en priorité pour des grandes structures, leurs directeurs financiers et leurs départements comptables pléthoriques – aux réalités des TPE et PME.
Au premier abord, les recettes mises en œuvre avec Shopify Balance ne sont définitivement pas révolutionnaires : un compte courant et des cartes de paiement (virtuelles ou physiques), sans frais ni contraintes. Mais les outils complémentaires qui entourent ce socle minimal feront la différence pour la plupart des marchands ciblés : versements accélérés des revenus, promotions et avantages variés sur les achats professionnels, pilotage de la trésorerie, suivi des factures, gestion prévisionnelle…
Bien sûr, une génération de nouveaux entrants émerge actuellement et tente aussi de séduire ces entrepreneurs. Malheureusement, leur principale promesse, et celle des acteurs historiques qui cherchent à les imiter, se réduit trop souvent à des tarifs compétitifs (voire la gratuité), ce qui, par exemple, ne convaincra pas les 40% d'entrepreneurs américains qui gèrent l'argent de leur société sur leur compte personnel.
A contrario, les grandes plates-formes web sont en mesure d'inclure à la fois des fonctions exclusives rendues possibles par l'intégration intime entre banque et activité professionnelle et des services ajustés spécifiquement aux particularités des métiers de leurs utilisateurs – qu'il s'agisse d'artisans, de marchands, de conducteurs de VTC, de livreurs à vélo, de restaurateurs… –, qu'elles connaissent parfaitement.
C'est donc une double tendance qui se dégage progressivement et ne demande qu'à s'imposer à moyen terme, entre offres ultra-personnalisées, notamment par secteur économique, et immersion de modules financiers plus ou moins riches au cœur de l'entreprise et des outils qui la supportent au quotidien. Voilà une déclinaison de la banque invisible susceptible de créer une révolution dans les établissements historiques, condamnés à voir de la sorte la relation directe avec ces clients leur échapper.