L’actrice rencontre le metteur en scène Christian-Jaque qui lui fera tourner des films dont les héroïnes ont une réputation sulfureuse, Lucrèce Borgia en 1953, Madame du Barry en 1954 et Nana en 1955. Cette même année, elle est Lola Montès sous la direction de Max Ophüls dont ce sera le premier film en couleur et le dernier de sa carrière. Inspiré encore d’un roman de Cecil Saint-Laurent "La Vie extraordinaire de Lola Montes", la célèbre courtisane qui séduisit entre autres Liszt, Alexandre Dumas fils et fit vaciller le trône de Louis Ier de Bavière. Sur le déclin, elle revit dans un cirque les différentes étapes de sa vie sous la férule d’un impitoyable M. Loyal incarné par Peter Ustinov. Le film en cinémascope comme on disait alors, était éblouissant mais n’eut aucun succès. Le public ne retrouvait pas la blondeur de son actrice préférée ni ses tenues très légères qui parfois s'étaient attiré les foudres de l'Eglise. Au lieu de quoi, il avait une Martine Carol brune, portant des costumes somptueux mais plutôt austères. Le film fut cependant défendu par François Truffaut et Jean Cocteau notamment. En 2008, lors de la 62e édition du Festival de Cannes, il revient et est reconnu à sa juste valeur. Restauré, il ressort en salles et devient objet de culte pour tous les cinéphiles. Martine Carol qui approche de la quarantaine ne connaît plus le succès auquel elle était habituée d’autant qu’elle a face à elle Brigitte Bardot dont l’apparition dans "Et Dieu créa la femme" de Roger Vadim en 1956 fit l’effet d’une bombe. Elle abuse alors de différents médicaments, suit des régimes amaigrissants, boit, divorce de Christian-Jacque en 1959 et accepte mal de n’être plus traitée comme la star qu’elle avait été. Et comme si ce n’était pas assez, la "Nouvelle vague" rejette ce genre de films où elle triomphait. Malgré leur séparation, Christian-Jaque lui propose le rôle de "Nathalie", top-modèle sexy qui devient espionne, un maigre succès qui entraîne une suite "Nathalie, agent secret" de Henri Decoin, encore plus médiocre. Décidément, l’époque n’est plus à ces actrices étalant leurs visons ou roulant entre deux caprices dans de somptueuses limousines.
On la retrouvera cependant en Joséphine de Beauharnais dans Austerlitz d'Abel Gance en 1960. En 1959, elle épouse André Rouveix, un jeune médecin français bien sympathique rencontré à Fort-de-France. Il l’exploitera honteusement et elle s’en séparera en 1961. Elle se remariera en 1966 avec le richissime homme d’affaires anglais Mike Eland qui la couvrira de bijoux et de fourrures. Cela ne semble pas suffire cependant à sauver Martine Carol de la dépression et de l’alcool. Elle tourne encore un dernier film "Jugement à Prague". En février 1967, elle est à Monaco pour un festival. Le 6, on la retrouve morte dans la suite qu’elle occupait avec son mari à l'Hôtel de Paris de Monte-Carlo. Officiellement elle est morte d’une crise cardiaque, il semble que ce soit la vérité même s’il est toujours des gens qui soutiennent qu’elle s’est suicidée. Elle est inhumée provisoirement au cimetière du Père-Lachaise puis à celui du Grand Jas à Cannes auprès de son père. Certaines gazettes ayant laissé entendre qu’elle reposait avec ses visons et ses bijoux, on dit que sa tombe fut profanée.
Elle n’était pas qu’un sex-symbol, elle a fait preuve de ses qualités de comédienne mais elle était certainement trop fragile pour résister à ce monde sans pitié qu’est le cinéma et elle fait partie de ces actrices qu’il a brisées. On pourrait presque attribuer à sa vie le sous-titre d’une biographie qui lui avait été consacrée "le destin de la Marilyn française". Rédaction internationale En savoir plus sur cet auteur Demain, lundi 11 mai, c’est le grand jour, le jour dont on a tant rêvé, le grand déconfinement! C’est peu de dire que nous l’aurons attendu ce 11 mai. Les 55 jours de confinement ne furent certes pas aussi durs que les autres 55 jours, ceux de...