Depuis plus d'une décennie, une nouvelle génération d'outils de pilotage des finances personnelles a émergé, promettant aux consommateurs de les aider à mieux maîtriser leur situation. Une équipe de chercheurs, s'appuyant sur l'expérience de Meniga, a voulu vérifier si l'amélioration attendue était effectivement au rendez-vous.
Remise en lumière ces jours-ci par la jeune pousse, l'étude remonte en fait à plusieurs années (2017), mais ce « retard » ne devrait pas avoir de conséquences sur ses résultats. De même, dans une certaine mesure, le fait qu'elle porte sur un échantillon de population islandais – qui présente entre autres avantages une culture où les espèces ont quasiment disparu et une adoption relativement importante des logiciels de PFM… – n'empêche pas une généralisation, éventuellement modulée, au reste du monde.
Si le choix s'est porté sur ce pays et sur les données de Meniga, c'est aussi parce que des circonstances spécifiques rendaient possibles une analyse dénuée, autant que faire se peut, de tout biais d'interprétation ou inversion de causalité. L'exercice s'est en effet focalisé sur la période à laquelle, en 2014, est sortie une application mobile (le logiciel n'existait auparavant qu'en version web), qui a engendré une augmentation significative des accès au service, permettant une évaluation objective de son impact.
Concrètement, la mesure repose sur une comparaison, pour chaque utilisateur de la solution, entre la fréquence de consultation de sa situation financière et un ensemble d'indicateurs comprenant les frais de découvert, les pénalités pour retards de paiement et les intérêts sur les prêts à court terme. Les conclusions sont sans appel : plus la personne surveille l'état de ses comptes, moins elle encourt de surcoûts financiers et plus, peut-on légitimement supposer, elle adopte un comportement sain et prudent.
La différence est même précisément quantifiée : une (au moins) connexion mensuelle supplémentaire à la plate-forme de Meniga se traduit en moyenne par l'économie de l'équivalent de plus de 35 dollars de frais en tout genre et d'environ 5% de la dette immédiate (à taux élevé). Et chaque consultation additionnelle représente une économie globale de l'ordre de 4 dollars par mois. Ces valeurs peuvent sembler marginales mais elles sont pourtant conséquentes à l'échelle du budget des ménages les plus fragiles.
Quand on approfondit les statistiques fournies, il ressort des écarts instructifs selon les catégories démographiques. Par exemple, les femmes sont moins enclines que les hommes à renforcer le suivi de leurs comptes mais, lorsqu'elles le font, l'impact sur leurs habitudes est plus percutant. Par ailleurs, les jeunes générations sont logiquement plus souvent adeptes des outils mis à leur disposition mais quand les « baby boomers » s'y mettent, ils n'en tirent que très peu de bénéfices pour leur santé financière.
Enfin, la recherche apporte un éclairage sur ce qui, en pratique, change dans ses comportements quand le consommateur est exposé à l'information sur l'évolution de sa situation plus efficacement et plus régulièrement. La réduction des frais est en effet directement corrélée à une transition du recours au découvert, induisant un coût immédiat, vers l'utilisation de la carte de crédit, qui permet un report du paiement généralement sans pénalités (pour peu que l'encours soit réglé le mois suivant).
Sur ce cas précis, on peut toutefois se demander si le PFM présente un avantage par rapport aux applications bancaires classiques. En réalité, l'enjeu sous-jacent des outils proposés, quels qu'ils soient et quels que soient leurs éditeurs, est principalement de maintenir l'intérêt de l'individu, de manière à garantir qu'il surveille activement ses positions et puisse réagir en temps et en heure. En conclusion, la véritable valeur de ces solutions réside donc avant tout dans leur capacité à devenir addictives…