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Manuel Belgrano – L’inventeur de l’Argentine : la première critique d’une historienne argentine [Disques & Livres]

Publié le 20 mai 2020 par Jyj9icx6
Lorsque le confinement a été décrété à quelques jours de différence en France et en Argentine, respectivement les 14 et 20 mars dernier, le bel édifice de l’Année du Général Manuel Belgrano, dont mon livre devait être la manifestation en France, s’est effondré, nous laissant tous assommés pendant plusieurs semaines. Depuis une petite quinzaine, nous parvenons à nous ressaisir et réinventons nos célébrations sur le mode virtuel. C’est ainsi qu’est né cet article de Norma Ledesma, qui travaille actuellement comme historienne à l’Instituto Nacional Belgraniano après avoir enseigné l’histoire pendant plusieurs années à l’Universidad del Salvador, une université fondée à Buenos Aires par les jésuites quand l’ordre (1) s’est réinstallé dans une Argentine devenue indépendante.
Lorsque la poste argentine a livré mon livre au siège de l’Institut, une semaine avant le confinement, Norma a aussitôt emporté un exemplaire chez elle et s’est plongée dans sa lecture, malgré son ignorance du français mais la proximité entre nos deux langues nous aide à déchiffrer celle de l’autre, surtout avec une formation en histoire.
Il y a quelques jours, Norma m’a ainsi envoyé ses félicitations avec dans son mail une ébauche d’analyse de ce qui retenait son attention de spécialiste du sujet et l’idée est née d’en faire un texte pour vous, les lecteurs de Barrio de Tango. Je vous livre donc ci-dessous, en version bilingue comme toujours sur ce blog, cette première critique de l’ouvrage. L’original est justifié à gauche, ma traduction l’est à droite.
Cette année, mon voyage en Argentine semble fort compromis alors que le bureau de l’INB avait commencé dès février à organiser plusieurs conférences que j’aurais données dans différents lieux emblématiques. C’est sans doute partie remise à 2021 mais cette année, il est à craindre que nous n’ayons pas, Norma et moi, l’occasion d’échanger comme nous en avions pris l’habitude. Un crève-cœur pour tout le monde de part et d’autre de l’Atlantique.

Manuel Belgrano – L’inventeur de l’Argentine : la première critique d’une historienne argentine [Disques & Livres]

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En este año 2020, en que se conmemoran los “250 años del Natalicio del General Manuel Belgrano” y el “Bicentenario de su Paso a la Inmortalidad”, por lo cual el Presidente de la Nación Argentina, Dr. Alberto Ángel Fernández, decretó que fuera declarado “2020- Año del General Manuel Belgrano” (Decreto PEN 02/2020 del 3 de enero de 2020), me alegra enormemente que la historia de Manuel Belgrano sea conocida en Francia y Europa a través del libro Manuel Belgrano. L’inventeur de l’Argentine de la investigadora francesa Denise Anne Clavilier, Editions du Jasmin, Francia, ya que nuestro prócer se encuentra entre los grandes “Libertadores de América”, al igual que San Martín, Bolívar y Washington.
En cette année 2020, où nous commémorons les « 250 ans de la naissance du général Manuel Belgrano » et le « Bicentenaire de son Passage à l’Immortalité » (2), motif pour lequel, par décret, le Président de la Nation argentine, le professeur Alberto Angel Fernández (3), l’a déclarée Année du Général Manuel Belgrano (décret PEN 02/2020 du 3 janvier 2020), c’est une immense joie pour moi que l’histoire de [celui-ci] soit connue en France et en Europe grâce au livre, Manuel Belgrano – L’inventeur de l’Argentine, de la chercheuse française Denise Anne Clavilier (Éditions du Jasmin, en France) puisque notre héros national figure parmi les grands Libérateurs de l’Amérique, au même rang que San Martín, Bolívar et Washington.
Tuve el gusto de conocer a Denise Anne Clavilier hace ya varios años, en el 2016 cuando se puso en contacto con el Instituto Nacional Belgraniano, en el cual me desempeño como investigadora. No voy a entrar en detalles de las charlas que mantuvimos pero me sorprendió, desde ese primer momento, su interés en la vida y obra de nuestro prócer y los conocimientos que poseía. De hecho, Denise Anne comenzó su romance con el Río de la Plata, a través del tango, que es la música que nos caracteriza y define. Pero, mientras que la mayoría se queda en este primer paso, ella decidió ahondar en nuestra historia patria, precisamente en la etapa fundacional de la misma. Para ello se dedicó al estudio de nuestros “Padres de la Patria” los Generales José Francisco de San Martín y Manuel Belgrano, recurriendo básicamente a fuentes y a bibliografía de reconocidos investigadores.
Il y a plusieurs années, en 2016, j’ai eu le plaisir de faire le connaissance de Denise Anne Clavilier quand elle a pris contact avec l’Institut national belgranien, où j’exerce comme chercheuse scientifique. Je ne vais pas entrer dans le détail des discussions que nous avons eues mais, dès ce premier moment, son intérêt pour la vie et l’œuvre de notre héros et la connaissance qu’elle en avait n’ont pas cessé de me surprendre. En fait, Denise Anne a commencé son idylle avec le Río de la Plata par le tango, cette musique qui nous caractérise et nous définit comme peuple. Mais, alors que la plupart des gens s’arrête à ce premier pas, elle a décidé de plonger plus avant dans notre histoire nationale et précisément dans cette étape qui en constitue les fondations. A cette fin, elle s’est consacrée à l’étude de nos « Pères de la Patrie », les généraux José Francisco de San Martín et Manuel Belgrano, en privilégiant le recours aux sources et à la bibliographie de chercheurs reconnus.

Manuel Belgrano – L’inventeur de l’Argentine : la première critique d’une historienne argentine [Disques & Livres]

Gaspar de Jovellanos en 1798 par Francisco de Goya
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Nuevamente tuve una muy grata sorpresa cuando encaré la lectura de Manuel Belgrano. L’inventeur de l’Argentine. Utiliza un lenguaje sumamente accesible y la lectura es verdaderamente atrapante, lo cual no sucede con todos los libros de historia. Algunos utilizan un lenguaje árido que, en lugar de acercar la historia a la gente, la aleja. Más allá de ello, para una especialista en el tema como es mi caso, se advierte la rigurosidad y minuciosidad de su trabajo, totalmente entendible si observamos las fuentes y bibliografía utilizadas. Considero que aporta una gran cantidad de datos, que alimentan nuestro amor por la historia. Cabe destacar, a modo de ejemplo, el capítulo dedicado a “Estudios en España (1786-1793)”, especialmente cuando se ocupa de sus estudios en la prestigiosa Universidad de Salamanca. Advierte de manera clara las diferentes concepciones de España con respecto a Francia, Alemania e Inglaterra. Además de aportar datos de los profesores de dicha universidad y de los representantes de la Ilustración Española, tal como Gaspar de Jovellanos, mostrándonos el mundo intelectual de la época.
Me mettre à lire Manuel Belgrano – L’inventeur de l’Argentine fut pour moi une autre très agréable surprise. Denise Anne emploie un langage très accessible et la lecture est vraiment prenante, ce qui n’est pas le cas de tous les livres d’histoire. Certains ont recours à un vocabulaire aride qui, au lieu de mettre l’histoire à la portée des gens, ne fait que les tenir à distance. De surcroît, pour une spécialiste du sujet comme moi, la rigueur et la minutie de son travail sautent aux yeux, ce qui se comprend fort bien si nous analysons les sources et la bibliographie dont elle s’est servie. J’estime qu’elle fait avancer la question avec un grand nombre d’éléments qui nourrissent notre amour pour l’histoire. Il convient de mettre l’accent, à titre d’exemple, sur le chapitre « Études en Espagne (1786-1793) », particulièrement lorsque [l’auteure] s’intéresse aux études [de Belgrano] dans la prestigieuse université de Salamanque. Non contente d’apporter des éléments d’information sur les professeurs de cette université et les représentants de la pensée espagnole des Lumières, comme Gaspar de Jovellanos, en nous décrivant le monde intellectuel de cette époque, elle montre clairement les diverses opinions qui circulaient en Espagne sur la France, l’Allemagne et l’Angleterre.
Por otra parte, también considero como un gran aporte que nos ofrezca una breve biografía de los personajes que aparecen en su libro. No voy a abundar en el tema, porque espero que ustedes se sumerjan en la lectura de este libro. También tengo que subrayar lo relevante de su "mirada", dado que “maneja” la historia francesa y europea y la relaciona con la del Río de la Plata, de una manera dinámica, sin baches, que hace que el relato fluya.
D’autre part, elle nous offre une biographie des personnages que apparaissent dans son livre et j’estime qu’il s’agit là d’une contribution non négligeable mais je m’arrête là sur ce sujet car j’attends que vous vous plongiez dans la lecture de l’ouvrage. Il me faut aussi souligner son « regard », car elle manie l’histoire française et européenne et la lie à celle du Río de la Plata de façon dynamique, sans heurt, ce qui donne de la fluidité au récit.

Manuel Belgrano – L’inventeur de l’Argentine : la première critique d’une historienne argentine [Disques & Livres]

La maison natale où Belgrano a vécu toute sa vie à Buenos Aires et où il est mort
ici dans son état de 1909, peu avant sa destruction
(Archivo General de la Nación)


Para finalizar quiero mencionar que su estudio no se limita a una historia política y militar, sino que también aborda los aspectos sociales y de la vida cotidiana, que acercan el relato al lector. A modo de ejemplo, la minuciosa descripción de las casas de las familias de la élite porteña de la época. Los planos de Buenos Aires de 1769 y 1810 nos ubican de manera clara en esta ciudad, capital del Virreinato del Río de la Plata y a partir de la Revolución de Mayo de 1810, capital de los gobiernos patrios: Provincias Unidas del Río de la Plata y Provincias Unidas en Sud América. Por otra parte, las imágenes incorporadas al libro, tomadas de viajeros que visitaron al Río de la Plata, nos permiten acceder a diferentes escenarios: Buenos Aires colonial, la pampa, así como a la costa del río Paraguay. Aparece la figura del gaucho, con su característica vestimenta, y los diferentes tipos de transporte.
Pour finir, je veux signaler que son travail ne se limite pas à une histoire politique et militaire. Elle aborde aussi les aspects sociaux et la vie quotidienne, ce qui rend le récit proche du lecteur. J’en prendrais pour exemple la minutieuse description des demeures familiales de l’élite portègne de cette époque. Les plans de Buenos Aires en 1769 et 1810 nous aident à nous orienter dans la ville, capitale du Vice-Royaume du Río de la Plata, puis, à partir de la Révolution de Mai 1810, capitale du pouvoir patriote, celui des Provinces-Unies du Río de la Plata puis celui des Provinces-Unies en Amérique du Sud (4). Qui plus est, les images intégrées à l’ouvrage, empruntées à des voyageurs qui visitèrent le Río de la Plata, nous font accéder à différents décors : la Buenos Aires coloniale, la pampa ou les rivages du Río Paraguay. C’est ainsi qu’apparaît la silhouette du gaucho, avec ses vêtements caractéristiques (5), et les divers modes de transport.
Manuel Belgrano, quien se movió en estos escenarios, se caracterizó por haber sido fundamental por su múltiple actuación en los tiempos fundacionales de nuestra Patria, teniendo como ideales la Independencia y Unión de los Americanos. No es fácil para una investigadora francesa abordar un personaje de estas características y ello solo fue posible dado a que recurrió a fuentes originales y una nutrida bibliografía en idiomas español, francés inglés e italiano. Además, a sus vastos conocimientos en la historia del Río de la Plata, que le permiten hacer una “lectura intercultural”.
Dans les temps où notre patrie se construisait, Manuel Belgrano, qui allait et venait dans ces décors, s’est distingué par la variété de son activité fondatrice, conduit par ses idéaux, l’Indépendance et l’Union des Américains. Pour une chercheuse française, il n’est pas facile d’aborder un personnage avec de telles caractéristiques et cela n’a été possible que parce qu’elle a eu recours à des sources originales et à une bibliographie nourrie, en langue espagnole, française, anglaise et italienne, en plus de ses amples connaissances sur l’histoire du Río de la Plata, qui lui ont permis d’en faire une « lecture interculturelle ».

Manuel Belgrano – L’inventeur de l’Argentine : la première critique d’une historienne argentine [Disques & Livres]

Buenos Aires - rive du Río de la Plata vers 1820
par le peintre savoyard naturalisé argentin Charles Henri Pellegrini
au premier plan, la coupole est celle de La Merced, l'église du baptême de Belgrano
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Por estos motivos, recomiendo de manera entusiasta la lectura de este libro, por el cual el Instituto Nacional Belgraniano le otorga este año 2020, tan significativo para todos los belgranianos, el “Premio General Belgrano”, que solo se da a aquellas personalidades y entidades de bien público que, por sus antecedentes, méritos, cualidades y accionar comunitario, se los identifique con los valores e ideario belgraniano, al tiempo que colaboran con la misión del Instituto Nacional Belgraniano en difundir y exaltar la vida y obra de nuestro insigne prócer. En el caso de Denise Anne Clavilier es en reconocimiento a su vasta trayectoria como historiadora, escritora, ensayista, traductora y comunicadora intercultural. Específicamente por su profundo trabajo de investigación histórica, plasmado en la obra Manuel Belgrano. L’Inventeur de l’Argentine, primera biografía en francés de nuestro prócer, que fue presentada en la Embajada Argentina en París, el 27 de febrero pasado.
Dra Norma LEDESMA, historiadora, Instituto Nacional Belgraniano
Telles sont les raisons qui me font recommander avec enthousiasme la lecture de ce livre pour lequel l’Institut national belgranien a attribué [à Denise Anne Clavilier], en cette année 2020 si significative pour tous les belgraniens, le Prix Général Belgrano (6) qui n’est remis qu’à ces personnalités et ces institutions d’intérêt public que l’on peut, grâce à leurs réalisations passées, leurs mérites, leurs qualités et leur engagement au service de la collectivité, identifier aux valeurs et à l’idéologie belgraniennes au moment où elles participent à la mission de l’Institut national belgranien en diffusant et en célébrant la vie et l’œuvre de notre éminent héros national. Dans le cas de Denise Anne Clavilier, il s’agit d’une reconnaissance de son ample trajectoire d’historienne, d’écrivain, d’essayiste, de traductrice et de spécialiste en communication interculturelle. Pour le dire plus précisément encore de la profondeur de ses recherches historiques qui ont pris forme dans cet ouvrage, Manuel Belgrano – L’inventeur de l’Argentine, première biographie en français de notre héros, qui fut présentée à l’Ambassade argentine à Paris, le 27 février dernier. (7)
Norma LEDESMA historienne de l’Instituto Nacional Belgraniano
Pour en savoir plus sur l’Instituto Nacional Belgraniano : visiter son site Internet et sa page Facebook.
(1) La Compagnie de Jésus a été expulsée de l’empire colonial espagnol en juillet 1767. (2) Norma Ledesma cite ici le décret présidentiel du 3 janvier 2020. Remarquez le vocabulaire quasi-religieux de mise en Argentine : natalicio au lieu de nacimiento et paso a la inmortalidad (passage à l’immortalité) au lieu de fallecimiento (décès). De fait, les grands héros nationaux sont fêtés au jour anniversaire de leur mort, comme les saints canonisés : Manuel Belgrano est fêté le 20 juin, San Martín le 17 août et Sarmiento le 11 septembre. Cf. mon article du 3 janvier 2020 dans ce blog. (3) Alberto Fernández est docteur en droit et enseignait, jusqu’à sa prestation de serment le 10 décembre dernier, le droit pénal à l’Université de Buenos Aires (UBA). En Argentine, les titres universitaires accompagnent systématiquement le nom de leurs titulaires (licenciado, magister, doctor, ingeniero, arquitecto, perito, etc.) Quand je traduis, je transpose ces formules dans les usages français. (4) Le pays a plusieurs fois changé de nom avant de s’arrêter en 1860 sur l’actuelle dénomination officielle : la République argentine. (5) Normal Ledesma a consacré sa thèse de doctorat à l’histoire textile en Argentine, un champ de développement économique et technique que Manuel Belgrano s’est efforcé d’encourager lorsqu’il était à la tête du Consulat de Commerce de Buenos Aires (1794-1810). De surcroît, le textile relève aujourd’hui encore du patrimoine culturel grâce aux couleurs, aux motifs et aux fibres traditionnels qui caractérisent les régions composant le pays. On peut le constater facilement dans l’art du poncho, le vêtement sud-américain par excellence : avec un peu d’habitude, il est assez facile de distinguer au premier coup d’œil un poncho de la pampa rioplatense d’un autre de Tucumán, de Salta ou de Cuyo… (6) Voir mon article du 7 mai 2020. (7) Voir mon article du 29 février 2020.

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