Un village tranquille, c’est Anna qui le dit, la femme du meurtrier. Un village où les piliers de bar racontent de mauvaises blagues, où les jeunes s’ennuient. Rien ne pouvait laisser prévoir le carnage. Alors, elle cherche à comprendre, à déceler ce qu’elle n’a pas vu venir : ces sentiments ambigus qui se bousculent dans les têtes sans même qu’on s’en aperçoive, la fascination, l’envie. Ce que lui pense, a pensé, fait, c’est au tribunal qu’il le dit, un lieu où il faut dire la vérité. Mais elle cherche plus loin encore, des années avant. Avant même qu’il la connaisse. Elle ne cherche pas d’excuse. Elle a sa part dans les relations qui s’installent avec les nouveaux venus, leurs voisins, plus riches qu’eux, différents dans leur mode de vie, et pourtant proches. Et c'est bien ce qu'induit le double sens du titre de ce roman. Il dit comment un village, loin de toute l'agitation et la violence citadine, accueille et se méfie des autres. Il dit aussi comment sournoisement s'installent les rapports de domination dans une société. Nous ne sommes pas les jurés. Nous l’accompagnons, elle, et nous n’excusons rien. En tuant toute une famille, l’assassin a sans doute broyé la sienne.