Le chemin de la transformation intérieure ne passe pas par le jugement d'un aspect ou un autre de soi-même ni par le fait de se rabaisser à ses propres yeux. Ce n'est pas le reproche qui est transformateur, mais l'accueil, l'acceptation et la vision neutre de ce qui est. Ainsi, toute condamnation est une forme de rejet qui génère la division et renforce par conséquent ce que l'on cherche à éliminer. Cette direction est sans issue et ressemble à un cercle infernal, parce que la division intérieure ne fait que se renforcer. Swami Prajnânpad l'explique en ces termes à un disciple indien, Sumangal Prakash ; " Il n'y a rien à réprimer, il n'y a pas de censure, pas de considération de bien ou de mal. Car, en tout premier lieu, le jugement de valeur en lui-même est faux, c'est une illusion (...) J'ai deux yeux. Si quelque chose arrive à l'un des deux et si l'autre n'a rien, vais-je arracher le mauvais œil et le jeter? Non, je l'accepte comme il est. Je le laisse là où il est et j'utilise l'autre œil . Je les accepte tous les deux comme ils sont. Je ne rejette pas l'œil endommagé. Je ne lui refuse pas son existence parce qu'il est là. De la mêm e façon, je ne peux me détruire. Je ne peux pas m'ôter une partie de moi-même. Je dois tout intégrer...
Aucune division à l'intérieur de moi...
Cette division seule est la source de tous les malheurs et de toutes les souffrances.
Extrait de " Dites-leur de viser haut ! "
Eric et Sophie Edelmann
Que signifie le titre de votre livre Dites-leur de viser haut ! ?
Éric : Arnaud Desjardins venait chaque automne à Mangalam donner des enseignements. Au printemps 2011, alors qu'il était à Hauteville, il a transmis un dernier message à ses élèves québécois par la voix de l'un de ses proches collaborateurs qui allait s'envoler pour le Québec : " Dites-leur de viser haut ! " Ce titre nous est apparu comme une évidence pour notre livre. Sans doute devait-il sentir sa fin prochaine, alors qu'il n'y avait pas de signes avant-coureurs... Quelques mois plus tard, en effet, il allait être emporté, à l'âge de 86 ans, des suites d'une attaque cardiaque. [...]