Le temps érode les mémoires. Jacques Chirac le sait et se sera démené pour repousser le plus tard possible le nomment fatidique où il se retrouvera confronté à ses pratiques passées. Peu importe que son dernier mandat, marqué par le plus grand immobilisme, ait ressemblé à un long naufrage. L’objectif essentiel était ailleurs, rester au sommet pour se garantir une impunité de fait et de droit.
Fin slalomeur, Jacques Chirac a su éviter de nombreux écueils, les fausses factures des lycées d’ile de france, la gestion des HLM parisiens, les frais de bouche et dépenses diverses de la mairie de Paris. Ca se sont les amuse gueules. Le lourd, les affaires d’Etat sont restés de la connaissance des initiès. Ceux qui savent mais n’ont jamais bougé. Journalistes, magistrats mais aussi hommes politiques de l’autre bord, tel Lionel Jospin qui comme Premier minsitre ne se sera jamais servi des documents accumilés au cours de son passage à Matignon.
“Dégoupiller” Jacques Chirac, c’est un peu jouer avec une bombe nucléaire et prendre le risque de faire sauter une république gangrénée par la corruption. Car, il ne faut pas s’y tromper, se taire, c’est devenir complice.
Acteur de premier plan Jacques Chirac sait jouer sur la corde sensible. Voici le grand fauve soudainement mué pour les circonstances en vieux monsieur de 75 ans fatigué, à la santé chancelante. Déprimé même avanceront certains. Un ancien président forcément sympathique qui donne désormais dans le philanthropique, dans les bonnes oeuvres avec une fondation à son nom.
L’envers du décor est plus trouble. A commencer par le lieu de résidence actuel de l’ancien Chef de l’Etat. En dépit des confortables retraites que lui alloue la république, Jacques Chirac joue les invités permanents dans un appartement parisien du clan libanais Hariri. Rafic Hariri, milliardaire libano saoudien ancien premier ministre assassiné du Liban, fût l’ami très particulier de Jacques Chirac. Une sulfureuse amitié marquée par une confusion sans précédent de la sphère privée et du domaine public. Ca aussi, c’est tout Jacques Chirac.
Autre amitié significative troublante, celle entretenue avec Gaston Flosse l’ancien président du territoire de la Polynésie française. L’émission “Pièces à conviction” diffusée sur France 3 les 20 et 22 juin qui portait sur la disparition du journaliste Jean-Pascal Couraud a évoqué , c’est une première, par ricochet mais de façon assez complète la question de l’existence du compte japonais de Jacques Chirac.
Si la réalité de ce compte bancaire est totalement niée par l’ancien locataire de l’Elysée, une instruction est en cours et la justice, fait rarissime, a décidé de verser aux pièces du dossier le livre de Nicolas Beau et Olivier Toscer, sorti le 20 mars, « L’incroyable histoire du compte japonais de Jacques Chirac » (éditions Les Arènes).
Une affaire de plus, entremêlée à l’incompréhensible et interminable dossier Clearstream. La retraite décidément, n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Même pour les vieux monsieurs aux allures respectables.