Sous la demande pressante de Paul Nahon, Directeur de la rédaction de France 3, il semblerait, puisqu’à ce jour seul le courrier fait foi, que la chaîne renonce à sa demande de communication de la source. Déontologiquement en effet, une telle demande, émanant d’un média d’information à un autre, est inconcevable.
Pour autant, ce courrier atteste du malaise des médias français dans leur relation avec le pouvoir politique. Certes, cette lettre a peu de chances d’être suivie d’effet du côté de Rue 89. Elle témoigne cependant de la ligne arrêtée par l’actuel locataire de l’Elysée qui, contrairement à ses prédécesseurs, a fait le choix de poursuivre systématiquement en justice les médias qui sortent du plan de communication qu’il a lui-même arrêté.
La vidéo qui circule sur internet aurait été visionnée plus d’un million de fois. Un buzz plutôt favorable à un Président qui veut occuper coûte que coûte, tous les jours, l’espace médiatique. Une majorité d’internaute juge que la vidéo incriminée fait apparaître un Nicolas Sarkozy plutôt cool et décontracté, voir sympathique. Le problème n’est donc pas là.
Depuis la campagne présidentielle Nicolas Sarkozy manie la carotte et le bâton à l’égard des journalistes. Mué en président plutôt destructeur que réformateur, embourbé dans une côte de popularité particulièrement basse, Nicolas Sarkozy, mise sur des médias asservis, façon Pravda, pour inverser la tendance. Frappé du syndrome de Narcisse, il ne supporte pas l’image que lui renvoie la presse et notamment la petite lucarne.
La bataille de l’information, ou plûtot pour une pluralité de l’information, qui s’engage avec le rouleau compresseur Sarkozy-UMP est cruciale pour notre vieille démocratie. Il est de l’honneur de toute une profession de serrer les rangs pour conserver précieusement sa déontologie et son indépendance. Sans prêter le flanc à des accusations faciles d’anti-sarkozysme primaire, toujours contreproductif, il convient au contraire à notre presse de se faire miroir et de rapporter les faits qu’elle juge importants, sans auto-censure, en apportant, chaque fois que c’est nécessaire, l’éclairage objectif nécessaire à leur décryptage. C’est bien en l’espèce ce qu’a fait Rue 89.