« Dis-mois qui tu invites, je te dirai qui tu es ». C’est en résumé ce qu’inspirent les invitations très hétéroclites lancées par Nicolas Sarkozy à l’occasion du défilé du 14 juillet. Après s’être assuré de la présence d’un carré de dictateurs dans la tribune officielle, l’Elysée a également convié Ingrid Bétancourt.
Bien que la présence de Bachar el-Assad ne soit pas confirmée, sa seule évocation a suscité de très vives réactions d’indignation, en France mais surtout au Liban, pays martyr, victime directe du régime Syrien. Une «honte pour le peuple français» selon le leader druze Walid Joumblatt.
Si la realpolitik se veut pragmatique, son cynisme en l’espèce atteint un degré rare. L’invitation du fils el-Assad coïncide avec un durcissement du régime à l’égard notamment des journalistes et intellectuels. Une dictature héréditaire qui n’a jamais exprimé de regrets pour l’assassinat en 1981 de l’ambassadeur français Louis Delamarre, et l’attentat en 1983 du Dakkar contre les casques bleus français qui s’était soldé par le décès de 58 parachutistes, tous deux imputés à Damas.
L’Elysée a beau indiquer en parlant du raïs syrien “Il n’est pas un parfait exemple en matière de respect des droits de l’Homme mais il a fait des efforts”, l’argument ne convainc personne. Pas plus que la pseudo diplomatie selon laquelle il n’était pas concevable d’inviter Bachar el-Assad au sommet de l’Union pour la Méditerranée à Paris le 13 juillet, avec 42 autres chefs d’Etat, et de ne pas le convier le lendemain au défilé militaire du 14 juillet.
Il y a assurément quelque chose d’incongrue de voir la patrie des droits de l’homme, pour sa fête nationale, rendre les honneurs à un quarteron de dictateurs avec en “guest star” le représentant Syrien.
Invitée de dernière minute, Ingrid Bétancourt qui doit recevoir le même jour la légion d’honneur de Nicolas Sarkozy, n’a pas confirmé sa présence. Selon des sources qualifiées de sérieuses, des soldats de l’armée israélienne et de l’Autorité Palestinienne auraient devraient pour l’occasion défiler sur les Champs-Elysées. Ehud Olmert Premier ministre israélien et le Mahmoud Abbas, Président de l’Autorité Palestinienne, présents à Paris pour le sommet sur l’UPM, auraient été selon le site Bakchich parmi les premiers à confirmer leur présence pour le défilé. Il ne manquerait donc plus qu’un contingent des FARC pour que la fête de Nicolas Sarkozy soit totalement réussie.