Eviter la pénurie alimentaire mondiale

Publié le 19 mai 2020 par Podcastjournal @Podcast_Journal

Par Sophie Ong Rédigé le 19/05/2020 (dernière modification le 07/05/2020)

L'histoire va-t-elle se répéter, dix ans après? La crise du COVID-19 est parfois comparée, sous différents angles, à la crise des subprimes de 2009. En effet, elle avait également été accompagnée d'une pénurie alimentaire généralisée. Cependant, ses sources remontaient à des origines bien différentes: en particulier, la crise économique et l'augmentation de la demande. Aujourd'hui, c'est à la fois une baisse de la main d'oeuvre, un manque de moyens logistiques, une disruption des habitudes d'achat et des prises de décisions unilatérales qui menacent la chaîne logistique tendue, mais pourtant suffisante, de nos circuits d'alimentation.

Le confinement et les restrictions de déplacement on d'abord affecté le travail de production, de récolte et d'approvisionnement. La menace plane, bien réelle: en Occident, les tâches habituellement effectuées par des travailleurs saisonniers sont soumises à l'entrave de mouvement et aux craintes d'infection des travailleurs. Au Royaume-Uni, on est prêt à payer l'avion aux 90 000 paires de bras nécessaires, et aux Etats-Unis, si Trump a verouillé l'entrée de l'immigration, il fait exception pour laisser entrer les travailleurs agricoles. Le gaspillage qui résulterait de récoltes manquées et les changements drastiques de toute l'industrie agricole pourraient avoir un impact important sur les mois et les années à venir.
C'est notre mode de consommation tout entier qui est remis en question. L'importation et le juste-à temps, qui régnaient souvent en maîtres dans nos supermarchés, sont menacés par les réactions protectionnistes de pays producteurs, qui suspendent leur exports, et le réflexe compulsif des pays et citoyens acheteurs, déstabilisant la chaîne logistique et créant des hausses de prix déséquilibrées.

Dans un communiqué conjoint, la FAO, l'OMS, et l'OMC, pourtant rarement alarmistes, exhortent les Etats à "assurer que notre réponse face à la pandémie du COVID-19, ne crée pas de manière involontaire, des pénuries injustifiées de produits essentiels et exacerbe la faim et la malnutrition." Des décisions politiques unilatérales, qui trahissent une collaboration globale disloquée, pourraient affecter des régions déjà fragilisées avec des conséquences désastreuses et rendre le travail des associations humanitaires difficile. Mais un autre danger observé en 2009 également, est celui des "émeutes de la faim" et de la crise sociale qu'amènent les insuffisances d'une pénurie. "C'est dans des périodes comme celles-ci que la coopération internationale est essentielle", poursuit le communiqué. "Nous devons [...] assurer la disponibilité des informations relatives aux mesures commerciales liées à l'alimentation, [pour] permettre aux producteurs, aux consommateurs et aux commerçants de prendre des décisions éclairées [et] atténuer les achats basés sur la panique et l'accumulation de nourriture et d'autres articles essentiels."

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