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Série "Kalifat" sur Netflix : illusions et désillusions de l’État islamique
Publié le 19 mai 2020 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Les 8 épisodes de cette mini-série créée par Wilhelm Behrman et Niklas Rockström retracent des destins croisés. En Suède, Fatima, une policière énigmatique, tente d’empêcher un attentat – le hasard la mène à entrer en contact avec Pervin, une jeune mère suédoise qui vit avec son mari terroriste et sa fille à Raqqa, le califat berceau de l’État islamique. Elles décident de conclure un pacte : si Pervin réussit à espionner les terroristes qui préparent l’attentat, alors Fatima fera tout pour la rapatrier en Suède et lui permettre de fuir le califat rêvé qui est devenu son cauchemar quotidien. Le téléspectateur suit ainsi la vie dans une Suède qui lutte contre le terrorisme et Raqqa où résonnent les attaques meurtrières de drones, où les femmes ne peuvent sortir librement et où les hommes djihadistes sont condamnés à mourir en martyr.
C’est une véritable croisée des chemins : il y a ceux qui souhaitent partir, et ceux qui veulent en revenir. Si la série est avant tout basée sur la fiction – il ne s’agit pas d’un documentaire – le réalisme qui lui est apporté laisse au spectateur un goût d’avertissement mais également d’éclairage historique. Partir à la rencontre des personnages, c’est découvrir l'engrenage de l’endoctrinement, qui est ici opéré par un terroriste présent en Suède, dans l’anonymat le plus total. La série le souligne à la perfection : la radicalisation est souvent invisible, elle s’opère dans le plus grand des silences, notamment par le biais des réseaux sociaux. Kalifat souligne également l’un de ses principaux dangers : elle peut toucher des personnes de tous milieux sociaux. De la jeune femme travailleuse qui rêvait d’un monde où vivre sa religion paisiblement au lycéen qui souhaite mourir en héros islamique, Kalifat exprime par ses personnages la réalité de l’endoctrinement – vicieux, prometteur, séducteur. Le personnage qui enrôle promet "un monde meilleur", mais à quel prix?
La série joue donc tout le long entre le rideau fin de la fiction et de la réalité – les personnages fictifs hissent le drapeau de personnes réelles, et événements historiques clefs. Ainsi, on vit les attentats de Charlie Hebdo "de l’autre côté du miroir" : à Raqqa, les terroristes applaudissent, en l’attente de nouvelles attaques qui causeront encore plus de morts. De plus, la situation de "vouloir revenir" de Raqqa, tout comme celle de rêver y partir, fait écho à la réalité – en France, on peut notamment citer le cas de Margaux Dubreuil, une djihadiste nantaise partie à Raqqa et ayant ensuite demandé le rapatriement dans l'Hexagone après s’être rendue aux autorités turques.
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