« Je vous ai compris » dit en substance le chef de l’État aux personnels de l’hôpital public, en battant sa coulpe et en promettant un nouveau plan, radicalement différent de la énième cure d’austérité qu’il voulait pourtant lui imposer il y a encore peu.
Faut-il prendre ce retournement pour argent comptant ? Certainement pas. Depuis presque quarante ans, ce pilier de notre système de santé est ravagé par une logique financière et des contraintes budgétaires qui le tuent à petit feu. Lui donner un nouveau souffle passera par des investissements majeurs et la décision de placer l’hôpital public en dehors de la loi du marché.
Le ministre Olivier Véran a emboîté le pas d’Emmanuel Macron en annonçant dans la presse des augmentations de salaires pour les infirmières (et les autres? ) puis la tenue de réunions multilatérales afin de présenter, cet été, « le Ségur de la santé » .
En guerre
Ségur ? C’est l’avenue où niche son ministère. Pour la petite histoire, c’est le nom d’un ministre de la guerre de Louis XVI. C’est aussi celui de la comtesse qui aimait écrire des contes pour enfants. Cela tombe bien : en guerre, les agents de l’hôpital le sont. Contre le Covid-19 auquel ils ont fait face et contre les attaques qu’ils subissent. Cette crise marque un tournant : après le mépris, la répression, les personnels de l’hôpital ne veulent plus qu’on leur raconte des histoires à dormir debout et entendre remettre en cause les 35 heures alors que les heures supplémentaires explosent faute d’embauches.
Ils veulent simplement pouvoir exercer leur métier : accueillir et soigner et, pour cela, en avoir enfin les moyens.