On croit à un délire dû à la fièvre devant la proposition de députés LaREM, approuvée par Muriel Pénicaud. Des dons de congés payés aux personnels soignants par les autres salariés. Peu importent les modalités, la ministre du Travail trouve que c’est une idée « très intéressante ».
La droite n’est pas en reste, qui en revendique la paternité. On suit le propos. Vous les avez applaudis, eh bien prouvez maintenant que vous les soutenez. Ce serait donc à la masse des salariés et aux plus modestes de rattraper des années de casse du service public ayant abouti à une catastrophe sanitaire redoublée par une gestion pour le moins hasardeuse, voire désastreuse.
La France est de tous les pays au monde un de ceux où l’on compte le plus de morts au regard du nombre d’habitants. Le non-dit de cette véritable provocation est, de plus, d’un rare cynisme. Vous vous êtes tourné les pouces pendant deux mois, vous chantiez, eh bien, payez maintenant.
Au même moment, les soignants attendent toujours la prime de 1 000 euros qui leur avait été promise. Les décrets la concernant ne sont toujours pas parus et des « tripatouillages » à la baisse sont déjà en cours d’un département à l’autre, selon que la crise y a été plus ou moins forte. On voit bien ce qui se met en place. Emmanuel Macron avait annoncé qu’il lui fallait se réinventer. C’était trouver les moyens de poursuivre la même politique dans des conditions nouvelles. Le président du Medef a lancé le bouchon. Il est repris par Christian Jacob pour la droite. Le gouvernement va sans doute faire semblant de s’interroger, mais la proposition concernant les congés est claire et annonce la suite. Il s’agit de faire payer les salariés et les plus modestes.
Ce n’est pas gagné. La CGT demande un passage aux 32 heures. La CFDT elle-même semble réticente à l’idée de faire travailler plus ceux qui ont déjà un travail. Le pouvoir, en trois ans, est allé de crise en crise. Celle qui s’annonce s’il poursuit dans cette voie ne sera pas une « chamaillerie ».