Modernes, ils ne le sont pas vraiment. Leur pop-folk n'a, en apparence, rien de révolutionnaire. Elle est même de facture de plutôt classique. Studieux par contre, ça oui, car on sent que le groupe peaufine ses chansons. "The Weight Of The Sun" est déjà le troisième album de ce quatuor écossais et je m'en veux de ne pas les avoir repéré plus tôt. Il y a d'abord ces voix, masculine et féminine qui se complètent admirablement. On serait capable de les suivre n'importe où, surtout en ces temps de déconfinement où nous n'avons plus besoin d'autorisation de sortie. Il y a ensuite ces arrangements discrets, variés, qui habillent délicatement et fonctionnent par petites touches, subtils. Enfin, il y a ces mélodies qui avancent masquées, fuyantes, dont on ne goûte tout le sel, qu'après plusieurs écoutes. Modern Studies continuera d'oeuvrer en marge, sans faire de bruit, sur l'impeccable label Fire Records, maison connue pour accompagner ce genre de groupes dits mineurs qu'on écoute souvent davantage que tant de formations prétendument plus importantes. "The Weight Of The Sun" me fait penser à la rencontre entre la Kate Bush des débuts - sans la voix suraiguë - et les défunts et regrettés Czars - premier groupe de John Grant. Cela peut aussi plus simplement évoquer Tarnation, le groupe de l'envoûtante Paula Frazer, mais pas uniquement folk. Tim Burgess, le chanteur des Charlatans, parle plus volontiers de "Fairport Convention meet Jim O’Rourke at a remote Scottish railway station". Quant à Johnny Marr, l'ex-guitariste des Smiths, ça serait plutôt à la PJ Harvey de "Let England Shake". Dans tous les cas, cela reste de la très belle ouvrage, taillée dans le meilleur bois. Un travail d'artisans, d'orfèvres, assez rare, qu'il est toujours agréable de découvrir.