Elle a douze ans, Issa. Un souvenir la hante depuis l’âge de huit ans. Qui lui provoque des cauchemars chaque nuit. Elle ne peut en parler à personne. Elle se confie donc à son journal. Nous saurons assez vite ce qui l’obsède. Mais il faudra du temps pour reconstituer ce qui en fait, à ses propres yeux, une coupable. Ça commence à l’école primaire. Des histoires d’enfants. Des jugements un peu à l’emporte-pièce à propos des autres, Keyra, Mathis, Belzun… Et Issa qui vit avec ses parents, venus de Mayotte qu’elle-même ne connaît pas, dans une drôle de maison qui sent la pomme et où elle partage une chambre avec des araignées et autres insectes. Un village pas très loin de l’aéroport de Roissy où travaille son père. À la fin du CE2, sa famille va s’installer dans un appartement plus grand, sa mère ayant trouvé un emploi comme secrétaire médicale à la ville voisine. Mais les cauchemars ne vont pas cesser. Même, et surtout, quand Issa sera au collège. Estelle-Sarah Bulle met entre les mains de son héroïne des mangas, surtout ceux de Keiji Nemuro, et c’est par leur entremise qu’elle va oser faire face à son horrible souvenir. L’espace autour d’elle s’agrandit, ses amitiés aussi. Elle découvre que, dans la modernité, il faut, même si on ne croit pas en Dieu, savoir faire une place aux esprits. Et que l’amitié, c’est de pouvoir « partager ses incertitudes ».