Quant à nous, que l'on parle de Louis XI, d'Henri IV ou de Louis XIV, notre histoire paraît celle de la constitution d'un Etat tout puissant dirigé par des grands commis d'élite (Sully, Richelieu, Colbert), menant le pays sur la voie du progrès. Ce modèle est toujours celui de la France moderne.
La Révolution a voulu l'abattre. Ni Dieu ni maître, "société d'individus", dont la liberté est garantie par quelques lois venues de la raison. Mais, pour faire la guerre, il faut un pouvoir fort. D'où empire et monarchie. La 3ème République semble avoir voulu corriger les erreurs de la Révolution : il existe un lien social. Les découvertes de Pasteur le démontraient. L'association, la solidarité, le contrat entre égaux, c'était la société et la liberté. Mais la France a été une nouvelle fois vaincue. Le technocrate a pris le pouvoir en 40. D'où un Etat en béton armé, taylorien.
La Révolution, c'est maintenant ?
Et la suite ? L'éducation supérieure de masse a retiré ses atouts à l'élite. L'élite d'hier l'était parce qu'elle avait une formation différente de celle du peuple. Elite et peuple étaient deux espèces différentes. On a maintenant les conditions nécessaires d'une déconcentration du pouvoir, peut-être de la fameuse résilience, qui est à la mode.
Si elle se fait, elle doit éviter deux erreurs du passé :
- L'impuissance. Si elle ne veut pas se faire écraser par les autres nations, la France a besoin d'un système de coordination qui lui permette d'orienter, vite et bien, l'effort collectif.
- L'inégalité. Une France d'individus est une France qui crée des conditions hétérogènes pour le développement des personnes. Le terrain idéal pour un coup de force d'une nouvelle aristocratie.