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11 mai 2020 : STOP au COVID-19 ! (et traçage ?)

Publié le 11 mai 2020 par Sylvainrakotoarison

" C'était, monsieur le Premier Ministre, toute la difficulté du discours que vous aviez à prononcer aujourd'hui : sortir de cet état de peur, pour ne pas dire de trouille, accepter notre condition d'être humain dans sa fragilité mais aussi, vous l'avez dit à propos du choix entre l'effondrement ou le déconfinement, accepter le risque. (...) Monsieur le Premier Ministre, la crise que vous avez à gérer est difficile. Les yeux dans les yeux, je vous dis que peu de gens ici aimeraient être à votre place et que je vous ai trouvé à la fois solide et sincère, y compris dans vos doutes et vos incertitudes. " (Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI, le 28 avril 2020 à l'Assemblée Nationale).
11 mai 2020 : STOP au COVID-19 ! (et traçage ?)
C'est donc bien ce lundi 11 mai 2020 qu'a lieu la levée progressive du confinement en France. Confirmé par le Premier Ministre Édouard Philippe au cours de sa conférence de presse le 7 mai 2020 à Matignon ( texte intégral ici), le déconfinement est mille fois plus périlleux que le confinement lui-même. Pouvoir remettre en marche tout le pays, toute l'économie, toute l'école, toute la société, toute la culture, dans des conditions sanitaires suffisamment prudentes pour ne pas faire redémarrer l'épidémie du covid-19 a mobilisé des armées de personnes, du secteur public comme du secteur privé et associatif, pour mettre en place les procédures dans chaque établissement qui va rouvrir.
La fin du confinement ne signifie pas le retour à la normalité d'avant crise sanitaire. Au contraire, cette crise est toujours là (il y a encore autour d'une centaine de décès chaque jour), et il faut redoubler d'attention dans les précautions et la distanciation sociale. Serait-ce d'ailleurs exagéré de dire que c'est irresponsable de dire que l'épidémie est terminée (c'est faux, voir les deux "faits-divers" ci-dessous) et donner le signal à la population qu'on pourrait revenir à un comportement d'insouciance meurtrière ? (Mais qui a donc dit cela sur Radio Classique).
Édouard Philippe a rappelé l'importance de vigilance pour les personnes vulnérables : " Nous l'avons dit, le Président de la République l'a précisé, et nous ne reviendrons pas là-dessus : il n'y aura pas de confinement obligatoire pour les personnes vulnérables après le 11 mai, même en Île-de-France. Mais je veux dire à toutes les personnes qui se savent vulnérables (...) : continuez, pour votre sécurité et celle des autres, à observer dans toutes la mesure du possible, de façon volontaire, les règles de prudence très strictes qui ressemblent à celles des deux derniers mois. Nous faisons confiance aux personnes qui se savent vulnérables pour se protéger. Il ne s'agit pas d'ordonner, il s'agit de leur dire, de vous dire qu'il vous revient d'être prudents lorsque vous sortez, ou lorsque vous recevez chez vous votre famille ou vos amis, prenez les précautions qui sont nécessaires pour faire en sorte de vous protéger et de protéger les autres. " (7 mai 2020).
L'idée de proposer à partir du 30 avril 2020 une carte de France en couleurs, en affectant des couleurs, rouge ou vert, à chaque département, me paraît encore très étonnante. Je le répète : à ce jour, à part l'ouverture des parcs et jardins publics et l'ouverture des collèges, il n'y a aucune différence de réglementation entre les départements rouges et les départements verts, puisque le gouvernement a décidé, avec sagesse, de faire un déconfinement national. D'ailleurs, différencier les règles entre départements rouges et départements verts serait très difficile à mettre en pratique, ne serait-ce qu'en raison des populations aux frontières (moi-même, je suis à moins de 10 kilomètres de deux autres départements que le mien, sans compter que le lieu de travail peut se trouver dans un quatrième département, à peine plus éloigné).
On aurait d'ailleurs pu penser que le gouvernement avait eu une idée de génie en proposant ces couleurs chatoyantes : focaliser les médias sur cet aspect dérisoire mais très parlant (les habitants préfèrent habiter dans un département vert à un rouge) au lieu de s'arrêter sur de véritables difficultés comme la surbureaucratisation du déconfinement, avec des livrets de dizaines de pages de procédures internes, etc., les risques juridiques en cas de contamination après déconfinement (les maires, chefs d'entreprises, etc. sont responsables de la santé de leurs écoliers, salariés, etc. au sein de leurs établissements), le passage du congé maladie au chômage partiel pour les parents qui restent chez eux sans télétravail pour garder leurs enfants, etc.
Rouge pour dire "mauvais élève", le virus circule encore beaucoup dans ce département. Vert pour dire "bon élève", le virus est quasiment inexistant, l'épidémie ne concernerait plus trop la population. Et c'est là l'effet trompeur des couleurs. Le virus continue à circuler au niveau national (et même international, évidemment), et croire que les habitants des zones vertes pourraient se "relâcher" serait une profonde erreur qui pourrait entraîner cette fameuse seconde vague qui inquiète (d'autant plus que si elle existait, elle pourrait être d'une plus grande amplitude que la première vague déjà très meurtrière).
Pas étonnant alors d'avoir deux "faits-divers" qui, au-delà des conséquences sanitaires immédiates (contamination de plusieurs personnes), sont très instructives.
Le premier bénéficie d'un écho médiatique très important depuis quelques jours : à Église-Neuve-de-Vergt, près de Périgueux, en Dordogne, l'enterrement d'une personne décédée le 24 avril 2020 a créé un nouveau foyer de contaminations (préférons le mot "foyer" à celui de "cluster", non pour l'anglomania mais pour le réserver aux clusters de haute technologie, pépinières de start up). Cinq membres de la famille ont été dépistés positifs et isolés le 1 er mai 2020, et au total, au moins neuf personnes sur cent vingt-sept personnes testées ont été contaminées.
Trois occasions de rassemblement : l'église, le cimetière et la réunion familiale. La société de pompes funèbres chargée de cet enterrement a procédé dans les meilleures conditions de protection (aucun de ses employés n'a d'ailleurs été contaminé), mais comme elle l'a rappelé dans un communiqué de presse le 9 mai 2020 : " Nous respectons donc parfaitement les obligations sanitaires en vigueur. Certains médias indiquent que le nombre maximum de personnes lors des obsèques n'aurait pas été respecté. [Notre société] confirme avoir indiqué et rappelé aux participants les règles à respecter. Toutefois, les employés de notre société ne peuvent que faire état aux familles des règles à respecter mais ne disposent d'aucun pouvoir contraignant et aucune présence policière ou administrative n'est mise en place pour pouvoir éviter ce type de situation. ".
Il ne s'agit pas de stigmatiser la famille et proches présents à cet enterrement, c'est déjà assez douloureux ainsi. Néanmoins, cet exemple montre bien qu'il faut, à tout prix, rester vigilant sur tout le territoire national. Certes, la Dordogne est un département vert, mais cela n'empêche pas qu'un rassemblement, qu'un déplacement, peut faire venir le virus d'un autre département. On peut multiplier ce qui s'est passé à Mulhouse au début de l'épidémie en France. C'est d'autant plus regrettable que le rassemblement en question est un enterrement, et malheureusement, cela justifie les mesures imposées par le gouvernement sur les enterrements, mesures très dures à accepter pour les proches des défunts.
Cependant, le second fait-divers, qui, me semble-t-il, a été un peu moins médiatisé, me paraît tout aussi important. Effectivement, un autre foyer de contamination s'est créé à Chauvigny, sympathique ville médiévale de la Vienne, au sud de Poitiers, lors d'une réunion de préparation au collège Gérard-Philippe qui compte 800 élèves. En effet, quatre membres du personnel de ce collège ont été contaminés il y a quelques jours au cours d'une réunion pour préparer la rentrée du collège prévue le 18 mai 2020 (cela a eu pour conséquence de repousser au 27 mai cette rentrée, pour pouvoir désinfecter toutes les salles occupées par ces personnes). Neuf autres personnes ont été placées en quatorzaine.
Là encore, le département de la Vienne est en vert, mais cela n'exclut pas que le coronavirus reste bien présent. Au contraire de l'enterrement en Dordogne, il n'y a pas eu de déplacement puisqu'il s'agissait de personnes travaillant au collège, il n'y a donc pas eu d'apport extérieur au département.
C'est pour cela que la vigilance doit rester très élevée au cours du déconfinement, mais aussi, il est absolument nécessaire de maîtriser chaque foyer, à savoir, faire les recherches des personnes contacts qui auraient pu être contaminées par une personne qui viendrait à être testée positive au coronavirus. On imagine bien, c'est le principe de l'épidémie en stade 3, que lorsqu'une personne contaminée n'est pas au courant de sa contamination, elle va contaminer ses proches et le virus peut se répandre très rapidement (de manière exponentielle).
Pour circonscrire ces foyers de contamination, il faut donc avoir les moyens de tester toutes les personnes contact, cela nécessite d'une part d'avoir la force de frappe en test (l'objectif du gouvernement est de pouvoir faire 700 000 tests PCR toutes les semaines, en partant d'une hypothèse de 3 000 à 4 000 nouvelles contaminations par jour), et bien sûr, avant de tester les personnes contacts, il faut les identifier.
Et là, on arrive à des réactions très étonnantes, parfois émanant même de certains médecins généralistes.
La haine déversée contre Emmanuel Macron est telle (une haine que je ne peux dissocier d'une évidente jalousie, celle d'un type brillant de moins de 40 ans qui a réussi là où d'autres ont échoué pendant cinquante ans, car ce niveau de haine n'a plus rien en rapport avec une opposition politique, aussi ferme et absolue soit-elle ; d'ailleurs, c'est plus la personnalité que sa politique qui est fustigée, puisque son Premier Ministre semble au contraire gagner en popularité), une haine telle que tout est bon pour s'opposer à lui, même lorsqu'il y a manifestement de grandes contradictions.
Par exemple, on soupçonne Emmanuel Macron sous prétexte qu'il est "libéral" (je défie quiconque ayant une expertise reconnue d'économie d'affirmer qu'un pays qui va avoir une dette de 115% de PIB et peut-être 60%? du PIB en dépenses publiques est un pays libéral, c'est au contraire un sommet historique de dépenses publiques, que je ne blâme pas d'ailleurs car ce plan de soutien est nécessaire, comme l'avait été le plan de relance en 2009 après la crise de 2008), on le soupçonne de préférer l'argent à l'humain, ce qui est une pure projection complètement infondée. La preuve, justement : la décision du confinement a prouvé le contraire, il était prêt à créer la récession et une crise économique pour sauver des vies humaines en freinant l'épidémie du covid-19, et je m'en réjouis. Il suffit d'observer hélas des pays comme les États-Unis et Royaume-Uni (obligé de prolonger le confinement jusqu'au 1 er juin 2020) pour comprendre à quel point le confinement était essentiel pour sauver des vies (et s'il y avait un reproche à formuler, cela aurait plutôt été de ne pas avoir pris cette décision courageuse et inéluctable une semaine plus tôt).
Puis, "on" a critiqué le principe même du confinement. On voit alors refleurir les arguments meurtriers et manquant totalement de lucidité selon lesquels le covid-19 ne serait qu'une simple grippette sans gravité (bonjour l'humanisme de ces "argu-menteurs" qui feraient mieux de présenter leurs excuses aux familles et proches des déjà plus de 26 000 personnes décédés).
On a dit aussi que maintenir une population sous confinement serait un crime (c'est sûr que l'effort demandé aux Français, au même titre qu'à la moitié de la population mondiale, a été très important et douloureux et globalement, les Français l'ont accepté car ils ont compris les enjeux humains), tout en critiquant le manque de préparation, le manque de lits en service de réanimation. De toute façon, il aurait été impossible de disposer de suffisamment de lits en réanimation sans confinement, puisqu'il en aurait fallu près de 105 000 lits pour faire face à tous les malades de forme sévère, soit vingt fois plus que la capacité réelle.
11 mai 2020 : STOP au COVID-19 ! (et traçage ?)
Depuis près d'un mois, les critiques se sont inversées. C'est le contraire qu'on fustige chez Emmanuel Macron parce qu'il a décidé, certes très arbitrairement, mais le choix d'une autre date aurait toujours été arbitraire, de commencer à lever le confinement le 11 mai 2020. Et là, les critiques initiales (il préfère l'argent à la santé) ont refleuri, tandis que les arguments multiples contre le confinement se sont estompés. Maintenant, le mot d'ordre est : Emmanuel Macron veut tuer les Français en voulant déconfiner (notamment avec l'ouverture des écoles et les conditions dans les transports en commun).
Pourtant, il faut évidemment arrêter le confinement, même s'il était maintenu jusqu'en septembre 2020, il faudrait quand même garder toutes les mesures de précaution pour déconfiner ensuite, car aucun traitement ni aucun vaccin ne sont de toute façon imaginables avant la fin de l'année. Dès lors, si les indicateurs hospitaliers restent acceptables (la capacité d'accueil en service de réanimation), autant déconfiner au plus vite. Notamment dans le milieu scolaire, car le problème restera le même en septembre 2020, autant avoir déjà une idée en mai ou juin (et éventuellement améliorer ou assouplir les procédures pour la rentrée de septembre) : l'ouverture des établissements scolaires devrait avoir pour mission la resociabilisation des élèves et n'avoir aucune ambition scolaire. Car une absence d'environnement scolaire pendant six mois (mars à septembre) pour un enfant de 8 ans, cela peut être très déstabilisant et même dramatique pour la suite de sa scolarité.
C'est la fameuse ligne de crête qu'évoque régulièrement Édouard Philippe : " L'esprit dans lequel nous travaillons, vous le connaissez : nous cherchons en permanence le bon équilibre entre l'indispensable reprise de la vie normale, familiale, économique, culturelle, sanitaire et sociale, et l'indispensable respect de toutes les précautions qui empêchent l'épidémie de repartir et qui protègent les Français. C'est un équilibre qu'il nous faut tenir. Ce n'est pas une des priorités qui doit prévaloir sur l'autre, c'est un équilibre. C'est donc un chemin de crête. ".
On voit bien que le principal enjeu du déconfinement, c'est de contrôler la circulation du virus, autrement dit, de rechercher les personnes contacts. Et là, toujours cette opposition systématique propre aux adolescents qui s'opposent systématiquement à leurs parents (il faudra peut-être y rechercher l'origine de ce sentiment d'infantilisation), on commence à condamner cette volonté légitime de retrouver les personnes contacts. Pourtant, ce fut l'un des reproches les plus fréquents depuis le début de la crise sanitaire, celui de n'avoir pas dépisté massivement la population et isoler les personnes infectées au coronavirus.
Or, cette méthode, impossible à mettre en œuvre au début du mois de mars parce qu'il y avait trop de nouvelles contaminations et pas assez de tests sur le marché (là, on conviendra qu'il faudra songer à réindustrialiser la France, mais cela ne se fait pas en deux jours), a été sans arrêt soutenue pour s'opposer au gouvernement. Une méthode utilisée par la Chine populaire, notamment, d'une manière beaucoup plus directive et brutale : les personnes étaient dépistées à domicile sans avoir besoin de leur accord, par des brigades mobiles, et si elles étaient positives, elles étaient isolées dans des structures spéciales, ainsi que les personnes contacts qu'elles ont côtoyées.
Ce qui est prévu en France, c'est de recommander à la personne contaminée d'être mise en quatorzaine dans un hôtel réquisitionné, ou, si elle veut rester chez elle, d'isoler toutes les personnes qui habitent chez elle. Les personnes contacts peuvent refuser de se faire dépister (il n'y a pas d'obligation de soin ni de dépistage), mais dans la pratique (c'était ce qui était pratiqué en février 2020, à l'époque de la contamination aux Contamines-Montjoie), personne ne refuse car tout le monde est responsable et, surtout, craint pour sa santé et surtout, celle de leurs proches.
La recherche des personnes infectées au coronavirus SARS-CoV-2 n'est pas plus scandaleuse que pour d'autres maladies comme la tuberculose, etc. (et même pour Ebola, certaines personnes contaminées ayant été hospitalisées à Paris ont elles aussi fait l'objet d'enquête de contamination, c'est une question de santé publique). Toutes les personnes qui font partie des équipes de recherche des personnes contacts (on les appelle désormais les brigades d'anges gardiens !) sont issues de la Sécurité sociale et (pour la plupart) sont assermentées, et dans tous les cas, les informations personnelles restent confidentielles. Aucune technologie n'est évidemment protégée d'une malveillance humaine interne ou de pirates extérieurs, mais cette situation est seulement temporaire (trois mois) et elle a un but : sauver des vies humaines, réduire les effets humains dévastateurs de l'épidémie.
C'est la même raison qui permet de discuter de la pertinence de l'application mobile StopCovid qui ne devrait être mis au point qu'au mois de juin (ce qui est dommage et tardif car ce sont les trois dernières semaines de mai 2020 qui vont être cruciales pour connaître l'évolution de l'épidémie lors du déconfinement).
Disons-le clairement, personnellement, je n'utilise pas de smarphone, donc, dans tous les cas, j'aurais dû mal à reprocher à un contemporain de ne pas utiliser une telle application, et, en plus, je suis particulièrement attentif à tout ce qui peut être "volé" dans la vie privée. Il faut cependant bien accepter que ce n'est pas cette application qui changerait beaucoup à la surveillance de la vie privée : ma carte bancaire et ma liaison Internet sont déjà deux grands pourvoyeurs de mes données personnelles.
Ce qui est étonnant dans l'opposition à cette application, c'est que beaucoup de ceux qui protestent sont les mêmes qui publient et datent sur facebook leurs photos de vacances ou même le plat de leur dernière sortie au restaurant (avant la crise sanitaire). Avec de telles informations vaguement publiques (réservées aux "amis", éventuellement aux "amis d'amis", etc.), on peut alléger les équipes des services de l'État qui font du contrôle fiscal, toute l'information est disponible, gratuitement, librement.
Beaucoup semblent donc préférer donner leurs informations personnelles à des entreprises dont le but est uniquement commercial (et lucratif, ce qui n'est pas un gros mot dans mon esprit ; sans profit, pas d'entreprise pérenne, pas d'emploi, pas de cotisations ni impôts et donc pas de redistribution sociale), à accepter momentanément une collecte par l'État... avec un objectif très clair et louable, sauver des vies.
Comment ça marche ? L'application permet d'enregistrer tous les smarphones qui ont approché votre smartphone de x mètres pendant y minutes depuis z jours. Si un jour, vous êtes dépisté positif au coronavirus, alors le smartphone de toutes ces personnes détectées préalablement reçoit un message disant que vous les avez côtoyées récemment, et leur demande de se faire dépister. Technologiquement, l'application est censée être indépendante de Microsoft (Android) et Apple.
Cette application a trois principes : le volontariat, l'anonymat, l'accès des données aux seules autorités sanitaires, à savoir : ni à la justice, ni à la police, ni aux services fiscaux. Comme cette application n'est pas imposée mais seulement proposée sur la base du volontariat, je vois mal le problème. Je suis conscient qu'au-delà de la nécessaire confiance qu'il faut avoir en l'État, certains principes peuvent être violés par des pirates du net.
Mais l'enjeu en vaut le risque : c'est le seul moyen de retrouver un contact si une personne dépistée positive a fait par exemple un trajet en transport en commun. C'est facile de connaître les coordonnées de ses proches, de ceux qu'on côtoie chez soi, au travail, dans une association, dans son milieu social, mais c'est beaucoup plus compliqué lorsqu'il y a un public qui se brasse, ce qui explique d'ailleurs pourquoi les rassemblements de plus de dix personnes restent interdits encore plusieurs semaines (restaurants, messes, concerts, théâtre, cinéma, etc.).
Dans certains pays asiatiques, il n'y a même pas eu besoin d'application, il a suffi d'avoir accès aux données de géolocalisation de chaque téléphone portable pour identifier les personnes contacts et leur imposer un dépistage du covid-19. Le gouvernement n'a pas demandé l'avis aux habitants, il a surveillé hors de tout contrepoids de contrôle. Ce fut très efficace, mais ce n'est pas le modèle de société auquel j'aspire.
En France et dans les pays de même culture, il est effectivement indispensable de préserver nos libertés, et en particulier notre droit à l'intimité. Les clivages se fondent souvent sur la hiérarchisation des valeurs et des principes, et pas valeurs contre valeurs. En considérant une valeur plus importante qu'une autre, lorsque les deux valeurs se contredisent dans les décisions à prendre (par exemple, l'opposition liberté et sécurité, ou l'opposition liberté et égalité), on passe dans un camp ou dans un autre.
Mais que vaut ma liberté (de ne pas être pisté ou tracé par l'État) si je succombe dans trois semaines à une forme sévère du covid-19 ? Elle ne vaut rien. À situation exceptionnelle, il faut des mesures exceptionnelles, celle par exemple de permettre, selon les trois principes qui étaient indiqués ( volontariat, anonymat, accès limité), un traçage temporaire de tous mes déplacements et relations. Mettons un comité de contrôle pour vérifier de manière indépendante que ces trois principes soient effectivement appliqués, ce qui prouverait la sincérité de la parole de l'État qui, de toute façon, a bien d'autres choses à faire en temps de crise sanitaire et de récession économique majeure que surveiller les citoyens.
Du reste, le gouvernement n'a pas insisté beaucoup sur cette application mobile (probablement à cause de son retard), et mise plus sur la rigueur des consignes à appliquer pendant le déconfinement pour enrayer l'épidémie : gestes barrières, masque dans les transports en commun, distanciation physique (un mètre, poste de travail isolé sur quatre mètres carré, etc.).
Le prochain rendez-vous est fixé à la fin du mois de mai 2020 : " Dans trois semaines, à la fin du mois de mai, nous saurons précisément où nous en sommes. Nous saurons si oui ou non, nous avons réussi à contenir l'épidémie. Nous saurons tout cela au rythme des contaminations et des entrées à l'hôpital et en réanimation que nous allons évidemment surveiller avec une immense attention. Si ces chiffres restent bas, nous pourrons nous en féliciter et passer à une nouvelle phase, élargissant nos espaces de liberté dans de nombreux domaines particulièrement importants pour l'été qui vient. Si cela n'est pas le cas, nous en tirerons les conséquences et nous nous adapterons. Je souhaite évidemment à tout prix éviter cette hypothèse mais il ne serait pas sérieux et raisonnable de ne pas l'évoquer. " (Édouard Philippe, le 7 mai 2020).
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (10 mai 2020)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
11 mai 2020 : Stop au covid-19 ! (et traçage ?).
Discours du Premier Ministre Édouard Philippe le jeudi 7 mai 2020 à Matignon sur le déconfinement (texte intégral).
Professeur mégalo (vidéo).
Covid-19 : où est l'Europe de la Santé ?
Michel Houellebecq écrit à France Inter sur le virus sans qualités.
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Déconfinement : les départements verts et les départements rouges, la confusion des médias...
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Le déconfinement selon Édouard Philippe.
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Le covid-19 n'est pas une "simple grippe"...
11 mai 2020 : STOP au COVID-19 ! (et traçage ?)
http://rakotoarison.over-blog.com/article-sr-20200511-covid-19.html
https://www.agoravox.fr/actualites/sante/article/11-mai-2020-stop-au-covid-19-et-224275
http://rakotoarison.canalblog.com/archives/2020/05/10/38276306.html


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