Fou amoureux, j'ai épousé Norah, d'origine israélienne, à la beauté enivrante, aux cheveux blonds dorés et au sourire ensorceleur. Je l'ai rencontrée lors d'un dîner chez des amis et l'ai ensuite invitée dans mon restaurant. Un risotto à la trévise, gorgonzola et poire dévoré, elle ne m'a plus jamais quitté.
Gabriel Stern, bientôt quarante ans, a tout pour être heureux. Lui et Norah, trente-sept ans, sont les parents de deux amours, Leah et Joshua. Ils sont tous deux des êtres d'exception. S'il est chef étoilé à Paris, elle est concertiste de renommée internationale.
Pourtant Gabriel ne dit pas tout à sa femme. Par exemple, il ne lui explique pas pourquoi, subitement, il a décidé d'ouvrir un restaurant à New-York, où, certes, orphelin à douze ans, il a été élevé par son oncle Charles, le frère de son oncle, et sa tante Rachel.
A Paris, il a une belle sous-cheffe, Alicia Brickman, qui est follement éprise de lui et qui a accepté d'être à ses côtés à New-York. Après ce qu'un soir Gabriel lui a dit, elle le presse de dire la vérité à sa femme, qui ne peut rester indéfiniment dans l'ignorance.
Gabriel s'est confié à Charles, qui est bouleversé par ce qu'il lui a appris. Seule Norah ne sait pas, mais elle sent que Gabriel n'est plus tout à fait le même. De plus, un jour, elle le voit sortir d'un immeuble de Saint-Germain-des-Prés accompagné d'Alicia...
Pendant tout le roman, qui se passe à Paris puis à New-York, à l'été et à l'automne 2017, le secret que détiennent Charles et Alicia est presque bien gardé. Presque, parce que Elie Bernheim sème des indices discrets qui lèvent peu à peu des coins du voile.
Cette Table pour trois à New-York réserve donc des surprises. Si les récits de repas donnent l'eau à la bouche, le suspense est finement entretenu par l'auteur via les états d'âme des trois convives, Gabriel, Norah et Alicia, et de Charles, l'ombre tutélaire.
Francis Richard
Table pour trois à New-York, Elie Bernheim, 296 pages, Slatkine (sortie le 11 mai 2020)