Christophe Prudhomme est médecin au Samu 93.
Dans la presse, à la télévision, sur les réseaux sociaux fleurissent les appels à la charité pour les hôpitaux et les organismes de recherche, notamment le plus prestigieux d’entre eux le CNRS.
Il s’agit d’une nouvelle régression et un retour en arrière à une époque où le « social » dépendait des dons et des dotations de la noblesse, c’est-à-dire des riches. Nous ne sommes pas très loin de cette époque face à la casse systématique de notre système social organisée par les libéraux au profit des initiatives privées.
Tout cela est pensé et organisé, pourquoi payer des impôts puisque je peux défiscaliser mes dons. Je choisis ainsi à qui je donne mon argent, ce qui me permet de renforcer mon contrôle social et de renforcer mon pouvoir au sein de la société. Le meilleur exemple en est la réorganisation de la recherche publique, largement accélérée sous le gouvernement Sarkozy, qui demande aux universités de créer des fondations afin de récolter des fonds auprès de généreux donateurs pour financer leurs laboratoires de recherche. Alors pourquoi pensez-vous que certains axes de recherche, notamment ceux sur les antibiotiques ou les vaccins aient été délaissés ces dernières années ? Parce que ces créneaux ne sont pas jugés assez rentables. N’en déplaisent à ceux qui vantent ce système, la règle est bien que celui qui paye influe sur les décisions d’engagement des dépenses donc sur les priorités de la recherche.
Charité également avec la multiplication des primes pour les personnels. La dernière annonce concerne ceux des EHPAD. Ainsi, tout le monde aura eu droit à sa petite pièce pour remerciement des services rendus. Quel mépris ! Nous réclamons des augmentations de salaires immédiates. Ceci est d’autant plus nécessaire qu’au regard de la pénibilité du travail et de la faiblesse des salaire, il devient de plus en plus difficile de recruter, notamment des aides-soignant.e.s en EHPAD où certain.e.s abandonnent même le métier.
Nous ne voulons plus de cette charité mais bien que ceux qui aujourd’hui accaparent les richesses payent des impôts et des cotisations sociales pour avoir les moyens de financer nos services publics et rémunérer leurs personnels à un juste niveau.