Dans ma quête internétique quotidienne, quand je trouve quelque chose qui par bonheur frictionne mes neurones, j’éprouve en général le besoin assez irrésistible de pouvoir le partager. Le texte que je vous invite à découvrir, à l’image du blog qui l’abrite, est dense. Le fait que je les découvre presqu’en même temps que vous n’est probablement pas l’effet du hasard, en regard des thèmes de prédilection développés et martelés ici, comme celui des violences policières, dont j’ai évoqué ce matin encore un énième cas aussi problématique que symbolique, qui devrait interpeler bien des politiques, mais ne le fera sans doute pas. Ce texte en donne indirectement les raisons. Il en constitue quelque part une sorte de prolongement, moins informationnel pur, plus théorique et conceptuel certes, plus centré sur l’usage photographique aussi, et de plus grande teneur intellectuelle assurément, mais avec des conséquences bien concrètes toutefois, et parfois tragiques en ce sens que, parfois, de simples images peuvent bouleverser des vies. Et celleux qui l’ont écrit doivent en avoir terriblement conscience…
Ce texte rejoint mes propres préoccupations, en empruntant d’autres chemins, par le biais d’autres supports. Mais le résultat, qui est plutôt tout comme chez moi une suite d’interrogations, est sensiblement similaire :
Jusqu’à quand la nécessité d’une accumulation d’images qui nous montrent leurs exactions ? Toujours de nouvelles images qui nous font dire « plus jamais ça » pour que les suivantes nous fassent mentir et que l’on répète de nouveau « plus jamais ça » ?
En effet, à la longue, à force d’énumérer, de nommer, de qualifier comme de quantifier ce phénomène d’exactions des acteurs du monopole de la violence, on ne peut que finir par s’interroger également, sur la pertinence comme sur l’efficacité de cet archivage, quel qu’en soit la nature... Lequel contribue à une forme d’usure comme de banalisation de l’indignation, qui perd de sa substance et de sa force de persuasion. Et quelles forces dominantes profitent de cet état d’anesthésie populaire, je vous le demande ?
« L’autoritarisme répressif français crève les yeux. Mais si seulement cela suffisait. Si seulement les multiples preuves allaient faire cesser d’elles-mêmes les différents fondements de l’ordre policier. »
On sait bien, par chez moi, que tel n’est visiblement pas le cas, bien au contraire. On a même l’impression que cette accumulation de preuves ne fait que durcir encore davantage le mouvement. Les syndicats policiers n’ont jamais eu autant la haine envers leurs opposants… politiques. Et leurs errements répétés sur les réseaux sociaux sans que leur hiérarchie ne daigne s’en émouvoir n’est qu’un élément patent parmi d’autres qui démontre à quel point le sentiment d’impunité est total actuellement. Ce qui hier aurait constitué une faute majeure, et aurait justifié un limogeage sur le champ devient aujourd’hui d’une terrible banalité. Ainsi, le ciblage nominatif de simples observateurs de violences policières, désigné par un certain syndicat, de commissaires qui plus est, comme une cible de harcèlement de choix pour les meutes de haineux et trolls d’extrême droite, qui ne voient bien sûr rien à redire à leurs pratiques, aussi détestables soient-elles. Logique, puisqu’il y a un continuum idéologique bien réel, nationaliste, autoritaire, et raciste.
À force d’exiger des preuves et des images, nous en oublions presque toutes les violences institutionnelles qui existent en dehors de la diffusion et la visibilisation de ces preuves
Je me suis en effet souvent posé cette question également, en me retrouvant aussi sensibilisé et conscientisé sur le sujet au fil de l’écriture de mes billets ici, et des recherches en amont qu’ils nécessitent… Sous les faces visibles de l’iceberg que sont les témoignages, les photos, les vidéos, tout ce qui documente les violences policières, quel continent nous est inaccessible au regard ? Pour quelques illustrations tangibles et révélées au grand public, combien de vies volées, violées, brisées dans l’ombre et la pénombre des cages d’escaliers ou des cabines d’ascenseurs, bien à l’abri des regards indiscrets, dans ces moments plus ou moins fugaces où des individus plus ou moins scrupuleux sont certains de ne pas être pris en flagrant délit ?
« Vous n’avez pas d’images, dégagez »…
Le texte nous éclaire aussi sur l’ambivalence des images, ce dont les militants antifascistes et libertaires ont également conscience pour en avoir expérimenté de près ou de loin les conséquences néfastes…
Aujourd’hui, nous voyons se multiplier l’arrestation et l’emprisonnement d’individus grâce à l’étude de certaines photographies ou vidéos diffusées – en premier lieu – sur différents médias militants et engagés.
C’est d’ailleurs sur ce point précis, qui n’est d’ailleurs pas le seul, que ma communauté politique en est arrivée à se méfier de certains individus toxiques en raison de leur égocentrisme rigidifié qui leur interdisait visiblement de prendre en compte cette considération (comme un certain… Gaspard Glanz pour ne pas le nommer… ce qui ne justifie pas tout, cependant).
Tout filmer, tout diffuser sans se poser la question de l’utilisation postérieure est inconscient ou pire, nous rend complice de la police.
La suite de ce texte n’est pas aisément synthétisable, et je n’ai de surcroît pas souhaité vous le résumer, mais préféré par respect pour leurs auteurs/trices vous le laisser vierge, pour votre seul regard, et votre seul esprit. Faites en bon usage. Je m’efface du cadre…