C’est un livre porté par la mer, ses bonaces et ses tempêtes, et par le vent, qui gonfle les voiles, les toiles, et déchire parfois les noeuds, et sous le ciel qui n’a pour seule qualité que de poser la couleur bleue parfois bordée d’un liseré noir. C’est la naissance de la Grèce au XIXe siècle. Le père d’Éléni est capitaine de navire, d’origine albanaise, et Grec désormais. Il n’aura de cesse de dire à sa fille : « Souviens-toi que tu es Grecque ». Elle partira apprendre le monde, l’Europe, Naples, Florence, habillée en homme, sous le nom de Personne, comme le fit Ulysse, parce qu’une femme ne peut pas, à cette époque, devenir peintre. C’est un métier d’homme. Pourtant, on lui reconnaît du talent. Saverio Altamura en deviendra amoureux, l’épousera, l’obligeant alors à renier l’église orthodoxe pour devenir catholique. Ensemble, ils auront trois enfants et se sépareront. Il partira vivre avec une autre femme, emportant leur dernier enfant. Tandis qu’elle reviendra en Grèce avec les deux premiers. La vie d’Éléni Boukoura (on a donné une orthographe grecque au nom de son père), ou Éléni Altamura-Boukoura, son nom d’épouse, dont nul en Grèce n’a jamais vu le mari, est ici racontée par Rhéa Galanaki à travers des traces historiques et les tableaux, portraits d’hommes, de femmes et d’enfants, jalonnant cette longue existence de désir, d’épreuves, menant jusqu’au début du XXe siècle.