La critique
La galère du célibat : pas original mais du caractèreIl était une fois une trentenaire célibataire à New York, attendant désespérément son prince charmant…Quoi ? Encore ? Il est vrai que si l’on se fie au pitch du nouveau film de Zoe Cassavetes, son Broken English n’a rien de bien transcendant, étant centré sur un sujet vu et revu, décortiqué dans tous les sens, dans des dizaines de films et séries télévisées. Et pourtant, c’est bien connu, le sujet à beau être toujours le même, il reste universel et si la personne derrière la caméra arrive à y apporter sa personnalité, un vrai point de vue, les clichés habituels pourraient peut être alors quitter l’écran. C’est le cas ici. La réalisatrice nous traine dans son univers arty à travers une héroïne, Nora (Parker Posey), pour qui l’amour est devenu une terrible obsession. Sa mère, ses amis : tout le monde la harcèle pour qu’elle se case enfin. Et chaque nouvel échec est un coup de poignard supplémentaire. Après une énième rupture avec un acteur baratineur, Nora va complètement devenir blasée au point, peut être, de passer à côté d’un joli frenchy (Melvil Poupaud) qui pourrait être le prince tant espéré.
L’amour donne la gueule de bois. En suivant les déambulations de Nora dans un New York filmé comme un personnage à part entière (ses épiceries de nuit, restaurants, hôtels et charmants appartements), il y a cette sensation semblable à celle éprouvée après un lendemain de fête bien arrosée. La tête tourne, la confusion règne et il est bien dur de revenir à la réalité. Plus le temps passe et plus Nora se saoule. Il faut bien s’enivrer de quelque chose à défaut de quelqu’un, doit-elle penser. Seulement voilà, à force d’avancer sans amour et de mener une vie qui ne lui convient pas tout à fait (tant personnellement que professionnellement), notre jolie brune risque de détruire tout amour potentiel et elle-même dans la foulée.A la fois rayonnante et attachante puis triste et effrayante, Nora est un personnage sensible et réaliste, formidablement interprété par Parker Posey. De New York à Paris, de désillusions en espoirs flingués, Broken English est plus un drame quotidien sur le célibat qu’une énième comédie romantique. Entre Conversation(s) avec une femme et le dyptique de Richard Linklater avec Julie Delpy (Before Sunrise/Before Sunset). Une balade des sentiments convaincante qui touchera droit au cœur tous ceux qui ont connu la joie (et surtout la douleur) du célibat.