Les Vétos nous emmène là où le monde des vétérinaires rencontre celui de la campagne, avec ses craintes, ses complexités et ses espoirs fragiles.
Les Vétos est un très joli film qui nous plonge dans la réalité des vétérinaires en milieu rural. Et qui en profite pour transmettre quelques valeurs et enseignements essentiels sur le rapport à soi, aux autres, au sens profond de notre existence.
Travailler dans un laboratoire à Paris, ou reprendre la clinique vétérinaire en perdition de son oncle, dans un village de la campagne du Morvan ? C'est le choix auquel Alexandra, fraîchement diplômée et chercheuse en épidémiologie, se retrouve confrontée malgré elle. Clovis Cornillac et Noémie Schmidt forment un duo parfait dans ce premier long-métrage de Julie Manoukian, qui nous divertit autant qu'il nous sensibilise.
Un joli parcours initiatique
Noémie Schmidt est d'abord tout à fait détestable dans le rôle de cette jeune parisienne qui, soudainement plongée hors de sa zone de confort, se montre froide, colérique et désagréable avec ceux qui n'attendaient d'elle qu'une main tendue. Puis, ce sont finalement les animaux qui vont réussir à l'apprivoiser et l'amener à voir les choses sous un autre angle.
Une rencontre avec un renard (voulu ou non le clin d'oeil poétique au Petit Prince est là), le cœur d'un toutou qui repart, la naissance compliquée mais heureuse d'un veau... Autant de moments qui viennent bousculer les certitudes de la jeune femme. Et qui vont, l'air de rien, l'amener à se reconnecter à son histoire. À ce qui se blottissait au plus profond d'elle.
À croire que le contact avec l'animal nous aiderait à devenir plus... humains ? Que le rapport à l'autre nous rendrait meilleur que le rapport aux choses ? Pas si difficile à croire dans une société où il est encore " plus facile de signer des pétitions que de se dire qu'on s'aime " ...
Un film qui fait du bien
Bon, on ne va pas vous dire le contraire, ce n'est pas l'histoire la plus originale du siècle, et on devine la fin dès le début. Aucun suspense : on sait que le mal de la campagne ne durera pas bien longtemps et qu'on se dirige vers un " tout est bien qui finit bien ". Mais bon, ça fait aussi du bien parfois ! Surtout en ces périodes d'épidémies, confinement et autres bouleversements de nos existences.
Et puis surtout, ce film n'en est pas moins bourré de qualités et parvient (de justesse parfois) à ne pas basculer dans la caricature. Les dialogues sont fins, intelligents ; les scènes avec les animaux - mais aussi quelques moments entre humains - sont tendres et touchants, sans jamais être larmoyants pour autant ; les plans et les paysages sont inspirés ; l'interprétation des comédiens est juste et offre un rendu très réaliste ; et la réalisation est réussie.
Et puis, l'émotion est parfaitement dosée. Quelques situations coquasses - liées notamment au manque de tact d'Alexandra avec les visiteurs de la clinique - amènent des notes d'humour qui permettent de maintenir une certaine légèreté malgré ce que le thème peut avoir de douloureux.
" On soigne leurs compagnon, leurs amis, leur gagne pain, les enfants qu'ils n'ont pas eus, les conjoints qu'ils ont perdu... "
Coup de projecteur sur un milieu en souffrance
En plus de nous questionner sur le sens de nos choix et nos désirs profonds, Les vétos met en lumière une profession qui souffre à bien des égards. À l'image du personnel soignant au sens le plus large d'ailleurs... Pas suffisamment valorisée, sous payée, qui manque de moyens... Et qui fait pourtant preuve d'un dévouement et d'une abnégation admirables.
Une réalité encore plus vraie dans les campagnes, où les vétérinaires sont eux aussi touchés par la désertification médicale. Et où la survie de certaines cliniques est parfois menacée, comme c'est le cas ici. Un film non seulement beau, donc, mais aussi utile, à l'heure où nous devons œuvrer à la création d'un monde meilleur...