Depuis que je vis à Lyon, je croise régulièrement les oeuvres d'O'Malley sur les murs des pentes de la Croix-Rousse. Je suis avec intérêt l'évolution de son travail, des représentations très figuratives et liées au cirque des débuts aux oeuvres plus mystérieuses d'aujourd'hui. Il a accepté de répondre à quelques-unes de mes questions... pour notre plus grand plaisir.
D'où vient votre nom d'artiste ?
O'MALLEY c'est le chat de gouttière dans le dessin animé " les Aristochats ". C'est surement son côté déviant, libre et Jazzy qui me plaît. J'aime bien m'imaginer comme un chat sur les toits et déambulant dans les rues de Lyon.
Pouvez-vous me parler de votre parcours en quelques phrases ? Comment êtes-vous venu au street art ?
Mes premières amours de la rue et des espaces publics, je les ai éprouvées à travers les arts du cirque. Adepte du jonglage et des équilibres, j'ai continué avec la peinture quelques années plus tard en investissant ces lieux uniques afin d'exprimer différemment une poésie circassienne. Sous l'effet de mes collages, les murs de Lyon se transformaient en piste aux étoiles.
Quel est votre rapport à la rue et à l'espace urbain ?
Mes collages et ma peinture sont nourris de mes déambulations et dérives urbaines. Adepte de la psychogéographie, j'aime l'idée de faire éprouver des plaisirs éphémères aux passants. Ma volonté reste la réappropriation de l'espace urbain par l'imaginaire. Mon désir est d'appréhender la ville de façon plus libre, moins utilitaire et normative.
Quand je colle dans la rue, je me dis souvent " Si vous vouliez, pour vous je ne serais rien, ou qu'une trace " (André Breton, " Nadja "). Cette trace parle des mondes parcourus, des rencontres et des découvertes.
Force et fragilité, effort et performance, risque et adrénaline, désir d'envol et peur de la chute sont autant de thèmes qui m'inspirent et me permettent de traiter de la condition humaine.
Je bricole et tâtonne pour raconter comment tout cela nous habite dans l'espace urbain. Je navigue entre l'espace de jeu que représente la rue et le désir d'interpeller le passant.
Pouvez-vous nous parler de vos oeuvres en quelques mots ? Quelles sont vos sources d'inspiration ?
Mon inspiration se nourrit de mes rencontres et de différents univers artistiques. C'est à la fois multiple et tout emmêlé. Et puis il y a mes premières amours qui prennent racine dans " l'univers du cirque " en tant que simple spectateur et jongleur mais qui ont été très présents dans ma peinture.
Comme expliquer ? Je joue avec les contraires. Alors même si actuellement je m'écarte fortement de l'imagerie du cirque, j'ai longtemps essayé de transposer ces thèmes dans ma peinture et dans la rue.
Quel message voulez-vous faire passer à travers vos créations ? Quelles techniques utilisez-vous ?
La nouvelle série en cours " Le temps recomposé " exprime par un estompage dégradé, une mise en abîme, sollicitant l'effort du regard ainsi que le travail de la mémoire et des émotions. L'image floutée, dégradée, barrée voire camouflée, appelle le souvenir qui disparaît au loin... Il faut redoubler d'efforts pour le recomposer et lutter contre la déliquescence du temps sur notre mémoire.
Aujourd'hui, je donne vie à ces figures par le dessin au fusain et à l'encre de Chine. J'utilise volontairement des matériaux qui, sous l'effet des conditions météorologiques, accélèrent la dégradation de l'œuvre. Le papier se craquelle, l'encre coule et se dissout ... Comme nos souvenirs.
O'Malley en images
Quelle serait votre conclusion musicale pour cette interview ?
La rencontre poétique entre Rone et Alain Damasio et l'alchimie qui s'en dégage me font à chaque fois voyager.