Wagner en 1862, un an après la rupture
Un article du journal La Croix du 4 juin 1911 évoque un échange de lettres bien acerbe entre Wagner et Robert von Hornstein en 1861, qui conduisit à la rupture entre les deux hommes :Dans ses Mémoires intitulés Ma Vie, le musicien Wagner dit à propos de sa rupture avec le baron de Hornstein, en 1861 : « L'idée me vint de me chercher un séjour tranquille dans les environs de Mayence avec l'appui financier de Schott. Celui-ci m'avait parlé d'une jolie propriété appartenant au jeune baron de Hornstein et située dans cette région je croyais vraiment lui faire honneur en lui écrivant à Munich pour demander la permission de m'installer pour quelque temps dans son bien en Rhingau. Je fus, au contraire, tout confus en ne recevant pour réponse que l'expression de l'effroi au sujet de mon exigence. »
La famille Hornstein fait publier une curieuse correspondance où l'on voit Wagner sollicitant du jeune baron un prêt de 10 000 francs, d'abord, et ajoutant « Montrez donc si vous êtes un homme de caractère. Si vous êtes cet homme pour moi — et pourquoi ne devrait-il pas enfin s'en trouver un ? —votre aide vous rendra intime avec moi, et alors il faudrait que vous consentiez à m'accueillir auprès de vous, l'été prochain, pour trois mois environ, dans un de vos biens, de préférence en Rhingau. »
A cette lettre le baron Robert de Hornstein répondit :
« Cher Monsieur Wagner,
» Vous devriez plutôt vous adresser à des personnes vraiment riches, et il y en a suffisamment dans toute l'Europe parmi vos protecteurs et vos protectrices. Je regrette beaucoup de ne pouvoir vous satisfaire. En ce qui concerne votre séjour prolongé sur « un de mes biens », je ne suis pas présentement organisé pour un pareil séjour, et si jamais je devais l'être je vous le ferai savoir. »
La lettre se termine par des salutations amicales.
L'homme « de génie », pas content, riposte :
« Bien qu'il soit très difficile désormais qu'un homme de ma qualité s'adresse à nouveau à vous, le seul fait, cependant, de vous signaler l'inconvenance de vos paroles vous sera déjà une bonne leçon. Vous ne deviez me donner aucun conseil, pas même me désigner les gens véritablement riches, et vous deviez considérer comme mon affaire personnelle les raisons pour lesquelles je ne me suis pas adressé aux admirateurs et admiratrices auxquels vous faites allusion. Si vous n'êtes installé dans aucun de vos biens de façon à me recevoir, que ne saisissez-vous l'occasion que je vous offrais de vous illustrer ? Il fallait arranger immédiatement le nécessaire là où je le désirais. Mais me laisser entrevoir que vous me ferez connaître un jour le moment où vous y, serez installé, ce n'est là qu'une offense. »
Cette lettre mit fin à l'incident.