03/05/2020 – MONDE. GUERRE CIVILE « En Libye, pas de trêve entre les belligérants » Par Laureen PIDDIU

Publié le 03 mai 2020 par Particommuniste34200

Malgré la crise sanitaire mondiale, la guerre est loin d’être finie en Libye. Les combats opposant le maréchal Haftar et le gouvernement de Fayez al-Sarraj se sont même intensifiés.

Le Gouvernement libyen d’union nationale (GNA) basé à Tripoli a refusé jeudi la trêve décidée unilatéralement la veille par le maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est du pays, affirmant qu’il ne lui faisait « pas confiance».

Le 24 avril, l’ONU et l’Union européenne avaient appelé les deux camps rivaux en Libye à une trêve pour le mois de jeûne musulman du ramadan, qui débutait le jour même. Répondant à cet appel, le maréchal Haftar avait annoncé mercredi « la cessation des opérations militaires».

Les combats n’ont toutefois pas cessé au sud de Tripoli et des explosions continuaient d’être entendues depuis le centre de la capitale après cette annonce. Le GNA, reconnu par l’ONU en mars 2016, a indiqué jeudi dans un communiqué qu’il poursuivrait sa « légitime défense », en s’attaquant « à toute menace où qu’elle soit et en mettant fin aux groupes hors-la-loi », en allusion aux forces rivales. Il a estimé que des trêves avaient été violées par le passé par le maréchal Haftar qui mène depuis un an une offensive pour s’emparer de la capitale libyenne.

Haftar annonce avoir le « mandat du peuple »

« Ces violations font que nous ne faisons guère confiance aux annonces de trêve» de Haftar, a ajouté le gouvernement de Fayez al-Sarraj dans son communiqué. Selon le GNA, tout cessez-le-feu a besoin de « garanties et de mécanismes internationaux» pour surveiller son application et documenter les éventuelles violations.

Accusé par ses détracteurs de vouloir instaurer une nouvelle dictature militaire près d’une décennie après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, le maréchal avait annoncé lundi avoir obtenu le « mandat du peuple» pour gouverner la Libye. Cette annonce, restée sans suite, avait été dénoncée par le GNA comme une « farce». Haftar a également prononcé « la fin de l’accord de Skhirat», signé en 2015 au Maroc sous l’égide de l’ONU et dont est issu le GNA, basé à Tripoli. « Nous avons devant nous une personne assoiffée de sang et obsédée par le pouvoir», a indiqué jeudi le GNA dans son communiqué. La décision du maréchal Haftar d’observer une trêve intervient après qu’il a enregistré plusieurs revers ces dernières semaines.

Ankara soutient al-Sarraj face à ses propres rivaux

La Turquie a affirmé mercredi qu’elle allait « défendre» le gouvernement de Tripoli, dont elle est le principal soutien. « La communauté internationale devrait répondre, sans plus tarder, à cet individu qui a exposé son intention d’établir une junte en Libye. Il ne faut pas oublier que ceux qui le soutiennent, y compris certains pays agissant comme les apôtres de la démocratie, partageront la responsabilité de ses actes aux yeux des Libyens», a déclaré le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.

Le maréchal Haftar est soutenu par plusieurs rivaux régionaux de la Turquie, notamment les émirats arabes unis et l’égypte. Selon plusieurs pays, des mercenaires russes combattent en outre à ses côtés. Avec l’appui d’Ankara, les forces du GNA lui ont repris il y a deux semaines deux villes stratégiques de l’ouest, et cernent actuellement Tarhouna, la plus importante base arrière du maréchal, à quelque 80 kilomètres au sud-est de Tripoli.

La deuxième guerre civile libyenne a débuté en 2014. Au cours de l’année passée seulement, les combats ont fait des centaines de morts et plus de 200 000 déplacés.

03 mai 2020 (
Photo afp)