2 mai 2020
(No 2020-17)
Jonas Kaufmann et Ludovic Tézier
Deux grands artistes lyriques, le ténor allemand Jonas Kaufmann et le baryton français Ludovic Tézier, ont initié le 27 avril 2020 une pétition invitant le public d’Europe et du Monde à soutenir cet art « fragile » qu’est l’opéra face à la « catastrophe » des théâtres fermés en raison de la COVID-19.
Je n’ai pas hésité à signer cette pétition moi-même pour accorder, comme nous exhortent à le faire les deux chanteurs, « un appui fondamental au présent et à l’avenir du monde lyrique, et, au-delà, à toutes les professions du spectacle vivant, gravement menacées ».
Je vous invite faire de même ici et à joindre votre voix aux 17 205 personnes qui, au moment où ces lignes sont écrites (samedi le 2 mai à 13 h), ont appuyé l’initiative. Voici le texte accompagnant la pétition que co-signent les deux artistes :
Nous artistes, invitons humblement ceux pour qui cette réponse est une vérité immarcescible, à signer cette pétition, afin d’exprimer leur adhésion à l’idée d’une société où le beau et la culture ne doivent pas disparaitre et d’une Europe qui a le devoir de pérenniser le plus beau legs de sa propre civilisation: l’Art.
A l’heure du confinement, les diffusions offertes à titre gracieux par les théâtres majeurs, mais aussi par les artistes y participant- ne l’oublions pas- ne sont qu’un expédient face à l’ampleur de la catastrophe que représente l’annulation en série, sans compensation, de tous les contrats artistiques. Et le succès qu’elles rencontrent atteste paradoxalement de l’attachement du public à « l’art vivant ». Ce public passionné le sait, nous le vivons: l’art lyrique est consubstantiel à ces « planches » que deux millénaires n’ont pas usées, et la digitalisation actuelle, pour réconfortante qu’elle soit, n’est, malgré cela, qu’un succédané magnifique à une émotion fragile. Nous, artistes, sommes fragiles, l’opéra est fragile.
Chers amis de toute l’Europe et du Monde, qui partagez notre fraternité musicale et appréciez la valeur de ce que nous apportons chaque jour à la société, sachez que votre signature sera un appui fondamental au présent et à l’avenir du monde lyrique, et, au-delà, à toutes les professions du spectacle vivant, gravement menacées, dont l’activité imprègne si naturellement le quotidien, que chacun en a même perdu la conscience. Soutenez les artistes, soutenez une idée de la Vie qui aide la Vie. »
Jonas Kaufmann et Ludovic Tézier
La réalité augmentée à l’opéra par Tempêtes et passions
La compagnie lyrique Tempêtes et Passions prend à son tour un virage technologique, comme en fait foi la diffusion de la vidéo du projet Exploration d’éléments de réalité augmentée pour la production de scènes lyriques sur sa page Facebook de la dynamique organisation dirigée par le témor Guy Lessard. Soutenu par l’Entente de développement culturel de la Ville de Québec (Volet 1 Création numérique), ce projet a permis de mettre au point une courte représentation lyrique, utilisant différentes technologies de vision numérique, dont la réalité augmentée, afin d’enrichir l’expérience du spectateur à l’ère des technologies numériques. L’expérimentation a été réalisée à partir d’un extrait d’un opéra remanié intitulé La légende du roi Arthur inspiré du King Arthur de Henry Purcell.
L’air Two Daughters est interprété par les sopranos Carole-Anne Roussel et Évelyne Larochelle qui son accompagnées au piano par Valérie Timofeeva. La direction musicale est assurée par Sylvain Landry alors que le scénarimage (storyboard) et mise en scène sont de François Racine. L’équipe du Centre en imagerie numérique et médias interactifs (CIMMI), sous la direction d’Eric R. Harvey, avec Benoit Duinat et Jean Boissonneault ainsi que notre collaborateur Mathieu Savard, président et directeur technologies de la firme ALTKEY ont été les partenaires de Tempêtes et passions pour la réalisation de ce projet.
Toujours et encore de l’opéra sur la Toile
Quelques mots d’abord au sujet du Gala à la maison (At Home Gala) que le Metropolitan Opera de New York a retransmis à partir de son site 26 avril 2020 et qui était co-animé par son directeur général Peter Gelb et, de Montréal, par son directeur musical, notre Yannick Nézet-Séguin. Devant un auditoire évalué lors de sa retransmission en direct à 300 000 personnes réparties dans 162 pays et territoires et qui aurait atteint 1 million d’opéraphiles à la fin de sa diffusion le lendemain à 18 h 30, le Gala a rassemblé plus de 40 artistes lyriques. Je compte publier une critique de cet événement dans le prochain numéro de L’Opéra- Revue québécoise d’art lyrique, mais je vous indique d’ores et déjà que la prestation la plus réussie aura été pour moi l’interprétation d’un extrait de La Fille du régiment par la soprano américaine Erin Morley, qui s’accompagnait brillamment au piano et qui a exhibé à la fin de son numéro une affichette où l’on pouvait lire « Vive le Met ! ». Vous pouvez l’entendre ci-après :
D’autres prestations sont dignes de mention. À travers l’air Ombra mai fù de l’opéra Serse de Haendel, un vibrant hommage a été rendu à Vincent Lionti, un altiste de l’Orchestre du Met décédé de la COVID-19, par Joyce DiDonato et sept altistes de l’orchestre sous la direction de Yannick Nézet-Séguin. Le duo du pianiste Yannick Nézet-Séguin avec le co-premier violon de l’Orchestre du Met David Chan interprétant la Méditation de Thaïs fut émouvant, comme vous pourrez le constater vous même ici. De leur maison d’Orange en France, Diana Damrau et Nicolas Testé se sont amusés, notre compatriote Étienne Dupuis et son épouse Nicole Car ayant offert une très belle interprétation de Thaïs de Massenet. Accompagné à la harpe par sa conjonte Hannah Stone, le Gallois Bryn Terfel a chanté magnifiquement la chanson If I can help Somebody, alors que l’inteprétation de Danny Boy par Matthew Polenzani était touchante. D’autres grands moments lyriques ont été offerts par Renée Fleming, Anthony Roth Costanzo, Elina Garanca, Isabel Leonard, Lisette Oropesa, René Pape et Sonya Yoncheva. La conclusion de l’évènement avait été réservée à Anna Netrebko qui, de Vienne, a interprété, tout en beauté, un air de Rachmaninov.
Pour d’autres vues sur ce concert, je vous à lire le texte du critique musical du New York Times Antonio Tomassini (« The Met Opera’s At-Home Gala: Informal Yet Profoundly Moving »), de Richard Fairman du Financial Times (« The Metropolitan Opera’s online gala was the most ambitious event of its kind ») et Tim Ashley dans The Guardian (« The Metropolitan Opera’s At-Home Gala review – thrilling singing, live from the stars’ living-rooms »).
S’agissant des productions, concerts récitals accessibles sur la Toile, le Metropolitan Opera de New York poursuit ses « Nightly Met Opera Streams » et pour être visionnés cette semaine ront on Luisa Miller de Verdi (2 mai), Le prince de Borodin (3 mai), Le Nozze di Figaro (4 mai), Hamlet de Thomas (5 mai), L’amour de loin de Saariaho (6 mai), Capriccio de Strauss (7 mai) et La bohème du Puccini (8 mai), Comme nous le révèle à nouveau le site d’Opera America, un très grand nombre de compagnies américaines présentent des productions et des récitals en ligne.
Les grandes maisons d’opéra européennes que sont le Wiener Staatsoper , l’Opéra national de Paris , l’Opéra comique de Paris), le Théâtre des Champs-Élysées de Paris, (Gala Monteverdi jusqu’au 2 mai à 15 h 30 heure du Québec accessible ici), le Théâtre de la Monnaie, le Royal Opera House Covent Garden, l Staatsoper unter den linden, le Bayerische Staatsoper et le Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence. poursuivent aussi leurs projections en ligne.
Au Québec, dans le cadre de son heureuse initiative « OPÉRA POUR TOUS », l’Opéra de Québec a ajouté plusieurs autres extraits de ses productions, le plus populair d’entre eux étant l’extrait de la production de mai 2011 de La chauve-souris de Johann Strauss avec Lyne Fortin dans le rôle de Rosalinde. Elles peuvent être entendues sur la page Facebook de la compagnie lyrique de notre capitale nationale ici L’Orchestre métropolitain et l’Orchestre symphonique de Montréal ne diffusent de concerts à contenu lyrique et vocal cette semaine.
Pour les faits saillants de la prochaine semaine lyrique et musicale « en ligne », je vous invite à lire le sixième article que fait paraître dans Le D Magazine du journal Le Devoir d’aujourd’hui le critique musical Christophe Huss sous le titre « Votre carnet de concerts de la semaine VII ». J’ai également découvert qu’Imoden Tilden, la « Senior Arts Editor » du journal britannique The Guardian , publiait aussi un carnet semblable sous le titre « Lockdown listening: classical music and opera to stream at home ».
Le Concours DO MI SI LA DO RÉ (Domicile adoré) par la Fondation des Jeunesses musicales
Je vous rappelle la tenue du Concours Do Mi Si La Do Ré (Domicile adoré) de la Fondation des Jeunesses Musicales Canada (FJMC) qui vise à venir en aide aux jeunes instrumentistes, interprètes, compositeurs et compositrices de musique classique de moins de 30 ans et qui composeront et interpréteront, sur le thème du confinement, une pièce musicale de trois (3) minutes ou moins à partir la phrase musicale Do Mi Si La Do Ré (Domicile adoré). Pour y participer et en conformité avec les règlements su concours que vous pourrez consulter ici, les personnes intéressées doivent s’inscrire via un formulaire qui est en ligne ici et faire parvenir leur enregistrement de la composition incluant la phrase musicale Do Mi Si La Do RÉ ici. La date limite d’inscription, sans frais, au concours a été fixée au mercredi 13 mai 2020 à minuit. Vous trouverez des renseignements détaillés sur le concours dans la sections ACTUALITÉS du site de L’Opéra- Revue québécoise d’art lyrique en cliquant ici.
Les deux RÉTROSPECTIVES du numéro 23 (Printemps 2020) de L’Opéra- Revue québécoise d’art lyrique… en ligne
Je viens de mettre en ligne sur le site de L’Opéra- Revue québécoise d’art lyrique les deux RÉTROSPECTIVES parue dans la numéro 23 (Printemps 20220) consacrées à La Flûte enchantée au Québec de Wolfgang Amadeus Mozart sous la plume de la rédactrice en chef Judy-Ann Desrosiers ainsi qu’au Teatro alla Scala de Milan par la secrétaire de rédaction Matilde Legault. L’accès vous aussi maintenant donné ici au PROFIL du Théâtre lyrique de la Montérégie. Je vous rappelle que vous pourrez également prendre connaissance en ligne des propos recueillis lors d une RENCONTRE avec le directeur général et artistique de l’Opéra de Québec et du Festival d’opéra de Québec Grégoire Legendre ici, du PORTRAIT de la jeune artiste lyrique Jessica Latouche ici. Le ainsi que les RÉTROSPECTIVES consacrées au Teatro alla Scala devraint aussi susciter de l’intérêt, ce qui dvrait aussi être le cas pour la CODA portant sur « La médiation de la musique et l’opéra » rédigée par le du musicologue Michel Duchesneau et est en ligne eici . La mise en ligne de l’ ENTRETIEN avec la metteure en scène Marie-Nathalie Lacoursière ne devrait pas tarder non plus.
Je vous rappelle que la livraison de version imprimée est retardée en raison de la cessation des services d’impression pour les organisations et entreprises autres que celles définies par le gouvernement comme étant essentielles! Je vous invite à faire l’achat de ce numéro 23 (Printemps 2020) ou à vous abonner à la revue en cliquant ici.
Nos artistes lyriques du Québec sur la route… toujours en congé forcé!
à suivre..
Dans le cadre de l’émission Place à l’Opéra, Sylvia L’Écuyer poursuivra ses retransmissions d’opéras du Metropolitan Opera. En raison de l’annulation des autres productions de la saison du Met, ce sont des productions antérieures de la compagnie lyrique newyorkaise qui seront radiodiffusées. En samedi 2 mai avril, l’on aura droit à un programme double d’oeuvres du compositeur tchèqhe Leos Janacek. On pourra d’abord entendre Káta Kabanová avec une distribution comprenant Karita Mattila, soprano (Ká?a Kabanová), Magdalena Kozená, mezzo-soprano (Varvara) Judith Forst, mezzo-soprano (Kabanicha), Jorma Silvasti, ténor (Boris), Chris Merritt, ténor (Tichon), Raymond Very, ténor (Vanya) et Vladimir Ognovenko, basse (Dikoi). Le Choeur et l’Orchestre du MET seront sous la direction de Jirí Belohlávek. Ensuite, l’on pourra écouter La Petite renarde rusée dans un enregistrement Decca de 1987. La distribution comprend, chez «Les Humains » Dalibor Jedlicka, baryton (Le Garde-Chasse), Eva Zigmundova, alto (Sa femme, le hibou), Vladimir Krejcik, ténor (l’Instituteur, le Moustique), Richard Novak, basse (Le curé, le le blaireau), Vaclav Zitek, basse (Harasta), Beno Blachut, ténor (l’Aubergiste), Ivana Mixova, soprano (femme de l’aubergiste, pic-bois) Eva Hribikova, soprano (Frantik), Zuzana Hudecova, soprano (Pepik) ainsi que chez « Les Animaux » Lucia Popp, soprano (La Renarde et la Renarde enfant), Libuse Marova, mezzo-soprano (Le Chien), Gertrude Jahn, soprano (Le Coq, le Geai), Peter Saray, soprano enfant (la Grenouille, la Sauterelle), Miriam Ondraskova, soprano enfant (Le Grillon). Eva Randova, mezzo-soprano (Le Renard). Le Choeur et l’Orchestre Philharmonique de Vienne seront sous la direction de Sir Charles Mackerras. Après l’opéra, l’animatrice s’entretiendra avec le tandem Barbe et Doucet actuellement en confinement à Venise. Je vous rappelle l’émission sera reprise à l’antenne d’ICI MUSIQUE le dimanche 26 avril 2020 à 19 h.
À son émission La semaine lyrique, Justin Bernard fera entendre le dimanche 3 mai 2020 les plus belles pages du répertoire lyrique. Je vous rappelle que vous pouvez syntoniser l’émission « en ondes radio » de 13 h à 15 h à Montréal (91,3 FM), Rimouski (104,1 FM), Sherbrooke (100,3 FM), Trois-Rivières (89,9 FM) et Victoriaville (89,3 FM). Elle peut être également écoutée en direct sur le site électronique de Radio VM à l’adresse http://www.radiovm.com.
Le Café d’art vocal a suspendu ces projections d’opéra du samedi après-midi et les reprises du jeudi soir, comme ont été également reportées les Matinées d’Opéramania et les Soirées d’Opéramania.
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Je vous souhaite un agréable semaine... et un confinement qui, grâce à la Toile, pourra aussi être lyrique… mais qui n’autorise pas, à regret, de voyage à Sydney pour y fréquenter un célébrissime amphithéâtre lyrique et prendre congé de la vaisselle :