A quelques jours du déconfinement, je revois avec mélancolie les peintures de Vinci, Botticelli, Fragonard, Rubens, Vermeer ou autres Renoir... La liste est longue de tous ces peintres qui ont su si bien traquer la beauté et l'émotion derrière un sourire, la palpitation de la chair sous l'énigme d'un regard..." Ce qu'il y a de plus profond chez l'homme, c'est la peau " affirmait le poète Paul Valéry.
Devant les nouveaux pinceaux imposés par les masques, nous sommes désormais comme des peintres tristes, désarmés devant le chevalet de nos relations aux autres. Le geste spontané et franc est, du jour au lendemain, devenu suspect ! Et le peintre est condamné à traquer, sur la fleur de peau, au lieu de l'harmonie des traits, le postillon et la bactérie.
Si le bâillon coupe la parole, le masque entaille le visage.
Sourire confisqué, voix masquée, lèvres alignées, enrégimentées sous les élastiques et les tissus (et quels tissus ? Certains ont des airs de couches culottes !) La chair est devenue triste, hélas, Mallarmé l'aurait répété, lui qui sentait passer " la brise marine ". Sur les trottoirs et dans les transports en commun, rappelons-nous au moins comme Baudelaire, la lumière des phares et les yeux vers les " traitres yeux, brillant à travers leurs larmes ".
Peinture; Baudelaire