L'inéluctable déclin du crédit personnel ?

Publié le 02 mai 2020 par Patriceb @cestpasmonidee
Dans le registre des transformations du secteur financier engendrées par les évolutions sociétales, voilà une hypothèse originale que propose Hannah Prestone, de la jeune pousse d'origine suédoise Minna Technologies : la disparition progressive du crédit à la consommation à la faveur de la transition vers une économie de l'abonnement.
L'idée est certainement audacieuse, alors que les encours sont en hausse constante depuis quelques années… et qu'ils risquent de se renforcer encore avec la crise sanitaire actuelle. Pourtant, les changements de comportements des consommateurs ne peuvent être ignorés. Certes, dans un premier temps, ce sont surtout les services culturels – musique, cinéma, jeu… – qui ont largement basculé vers les souscriptions tarifées au mois ou à l'année. Mais la tendance prend de l'ampleur et s'étend.
Désormais, les plus grandes marques s'intéressent à cette approche de la distribution. Hannah cite notamment Coca-Cola, Nike et Adidas, ou encore Electrolux, qui lançait, l'année dernière, une expérimentation visant à valider un concept d'aspirateur en location, facturé au mètre-carré nettoyé. Un autre exemple bien connu est celui du constructeur automobile américain Tesla, qui développe une solution similaire avec son modèle de loyer mensuel couvrant usage du véhicule (énergie comprise), entretien, assurance…
Selon toute vraisemblance, le domaine du transport est d'ailleurs promis à être l'un des plus touchés par la mutation, s'il faut en croire l'accélération simultanée des progrès des technologies et des pratiques, entre l'émergence des voitures autonomes (qui rendent possible leur accès à la demande, de manière simple et économique) et la popularité des systèmes de partage (de vélos, de scooters, d'autos…), qui pointe indiscutablement vers une diminution de la logique de propriété… et, donc, du besoin d'achat.
Ainsi, à chaque fois que principe de l'abonnement se généralisera dans ces catégories de produits – et dans toutes les autres : pensons à l'électronique, au mobilier, à l'habillement… –, ce sont des pans entiers d'utilisation habituelle des instruments de crédit personnel qui deviendront obsolètes. Et, bien que la perspective d'une disparition soit évidemment lointaine, l'impact sur les institutions financières serait tellement considérable qu'elle mérite d'être envisagée et de faire l'objet d'un plan de conversion adapté.
Face à la prolifération en cours d'innovations diverses dans l'univers bancaire, qu'elles émanent des acteurs historiques ou des nouveaux entrants, il serait facile de se laisser aveugler par le présent. Or, comme nous le vivons aujourd'hui, de vraies révolutions de notre environnement, beaucoup plus profondes et aux conséquences incommensurables, sont également susceptibles de survenir à moyen et long terme. Alors, la préparation stratégique à tous les scénarios de rupture est plus que jamais essentielle.