Le muguet repiqué dans une jardinière a fleuri début avril. Tout sec, il n’inspire guère à la poésie, en ces temps étranges où mon petit plaisir matinal se résume à une sortie sur la terrasse pour observer mes plantes. À la supérette du coin de la rue, où j’ai déjà trouvé des sacs de terreaux, de la farine et de la pâte à pizza (denrées hautement nécessaire à mon bonheur), ils vendent des brins de muguet en pot. Posé fièrement sur l’îlot de la cuisine ouverte, il embaume tout le salon de ses clochettes festives. Si mignonnes, rondes et finement ciselées, leur blancheur lève le nuage qui s’accroche à mon crâne de batracien.
Mon attente dans la vie réelle se double de celle dans la vie insulaire fantasmé d’Animal Crossing. Comme beaucoup de mes amis, je passe beaucoup (trop) de temps à m’occuper de mon paisible village sur mon bout de terre isolée. Le jeu permet, lorsque la réputation de son île atteint les cinq étoiles, d’obtenir comme nouvelle fleur : le muguet. Mais il faut être patient. En effet, le nombre d’étoiles n’implique pas une apparition immédiate de la plante, à mon grand désarroi. Je vais donc encore ronger mon frein et surveiller les hauteurs de mon bout de paradis en guettant l’apparition du muguet !
Entre le muguet précoce de ma terrasse et le muguet tardif virtuel, sa saison se prolonge:) Et mon moral s’en trouve ragaillardit. Je vous souhaite à tous, un joli mois de mai avec l’espoir maigre de pouvoir enfin arpenter la forêt.
Copyright : Marianne Ciaudo