Je pense que pour les amateurs, même très avertis, de thé japonais, le toponyme de Tokunoshima n'est pas bien familier. Il s'agit en effet d'une petite île de 80 km de côte située dans l'archipel de Amami au sud de Kagoshima. C'est une île sub-tropicale juste au nord d'Okinawa et qui se trouve dans l'aire culturelle des îles Ryûkyû.
Son agriculture est plus tournée vers la canne à sucre et les fruits tropicaux que vers le thé, dont la culture y a disparu après la 2nde guerre mondiale... Avant d'y être réintroduit par une famille de producteurs dans les années 2000. Ceux-ci se sont tournés vers des cépages en général plus à l'aise sous un climat chaud, Benifûki, Sunrouge, et enfin Sôfû que je présente aujourd'hui. Il s'agit d'une récolte du 27 mars.
Je rappelle que Sôfû est un cépage de type inzatsu issu du croisement Yabukita x Inzatsu 131.
Un examen rapide des feuilles montre qu'il ne s'agit pas d'un "grand cru" selon les standards classiques mais ce thé n'en est pas moins intéressant... au contraire.
Même pour un Sôfû il me semble tout à fait original. Alors que l'on tourne avec Sôfû habituellement autour du floral, du raisin blanc, parfois du jasmin, ici il me semble d'abord ressentir des notes d'agrumes, d'orange et de pamplemousse. Ensuite il y a néanmoins bien des notes florales.
En bouche on a clairement la sensation d'un sencha du soleil. Il y a très peu d'umami et une structure tannique évidente. Pourtant, cette sensation astringente donne beaucoup de charme à ce sencha, d'une part parce qu’elle est suivi sur le palais par une forte persistance sucrée, et aussi parcequ'elle entre en écho avec les arômes d'agrumes, de plamplemousse particulièrement.
Aussi, on y trouve des nuances beurrées donnant au tout une touche gourmande.
C'est un thé à préparé bien chaud, dont les arômes seront plus évidents en 2nde et 3ème infusions. Mais aussi, il peut être bu dans un verre à la chinoise, avec de l'eau très chaude, en rajoutant de l'eau au fur et à mesure. C'est une bonne méthode pour profiter de son parfum.
Pour finir voilà un sencha inhabituel, qui change aussi des Sôfû que j'ai pu présenter jusqu'à présent. Certes ce n'est pas un thé qui joue dans la finesse et l'élégance, mais il est original du point de vu aromatique, et possède beaucoup de volume.