Il y a un mois et demi, on s'interrogeait sur la baisse des marchés boursiers. Depuis les derniers plus bas, l'indice suisse a repris 20% et son homologue américain carrément 30%. Incroyable. On se situe donc aujourd'hui aux mêmes niveaux qu'en octobre 2019, juste avant qu'émerge le virus chinois. Les acteurs considèrent donc que les actions valent autant qu'en automne dernier, alors qu'on vivait encore dans une ère d'insouciance économique, financière et sanitaire. Depuis le PIB de toutes les nations à travers les planètes s'effondre comme il ne l'a plus fait depuis la première crise pétrolière des années 1970, voire même depuis la dernière guerre mondiale. Le chômage explose également un peu partout. Mais non, tout va bien, parce que Trump et son pantin Powell ont sorti l'artillerie lourde. Ils sont les nouveaux super-héros de la planète financière.
Aujourd'hui donc on est prêts à payer le marché presque comme si rien n'avait changé depuis l'année dernière. Ceci signifie qu'on achète des sociétés au même prix qu'il y a 6 mois, tout en ne connaissant pas encore l'impact effectif de la crise sanitaire sur leurs fondamentaux. Ainsi, la valorisation du marché US par rapport au PIB se monte à 138%, le situant à un niveau déjà considérablement surévalué, alors même que des résultats financiers lamentables doivent encore être publiés. Le PE Schiller Ratio se situe aujourd'hui à 27.52, soit à un niveau pas loin de celui qui prévalait avant le Black Tuesday, en 1929.
On se rapproche désormais fortement de la moyenne mobile à 200 jours qui avait été perforée il y a un peu moins de deux mois. Ce passage va être difficile à passer, car la hausse a été extrêmement rapide et le marché devra peut-être avoir besoin de reprendre son souffle. C'est d'autant plus vrai que beaucoup de mauvaises nouvelles en matière de résultats sont encore devant nous. Le spectre du virus chinois continue par ailleurs a planer aux dessus de nos têtes, avec un risque de rebond des infections dû à la levée de nombreuses mesures de confinement.
Ceci étant dit, je me méfie aussi de Trump et ses sbires, qui sont déjà certainement en train de réfléchir à un moyen de perforer dans l'autre sens cette moyenne mobile. Les marchés sont tellement irrationnels qu'il suffirait de quelques tweets agrémentés de plusieurs "GREAT" concernant des accords avec les chinois ou l'OPEP, associées à des déclarations messianistes de la FED. C'est carrément la réélection du simplet de service qui se joue à ce niveau...
Quoi qu'il se passe, je dois dire que ça ne sent pas très bon. Si le marché ne parvient pas à traverser la moyenne mobile, il va repartir à la baisse et certainement tester le plus bas atteint courant mars, voire passer outre. Ce sera à mes yeux un moindre mal, car ce faisant ça permettrait au marché de recoller à la réalité et peut-être même de nous offrir de belles opportunités d'achat dans un futur plus ou moins proche. Si Trump parvient à manipuler le marché par contre, en cassant la moyenne mobile, alors on risque de repartir pour un cycle durable de spéculation outrancière et il faudra attendre beaucoup plus longtemps pour dénicher des titres bon marché. Je n'ose d'ailleurs pas imaginer l'ampleur de la crise à ce moment-là...