Le 26 mars dernier, Netflix enrichissait son catalogue de sa première série en yiddish. Unorthodox, inspirée d'une histoire vraie, prend place dans la communauté ultra-orhtodoxe du quartier de Williamsburg, à New York. Un cadre très particulier dans lequel évolue Ester, une jeune femme fuyant ce monde aux codes très stricts. Une minisérie passionnante aux allures de film d'époque.
Inspirée de l'œuvre autobiographique de Deborah Feldman, Unorthodox retrace le parcours d'Ester, souhaitant échapper à un mariage arrangé. Prise au piège dans cette union stérile, elle décide de quitter New York pour Berlin, afin d'y retrouver sa mère, exilée elle aussi. S'enchainent alors des flash-backs de sa vie d'avant et ses aventures en Europe. Une histoire bouleversante portant à l'écran un univers peu connu du grand public. Si certaines pratiques ultra-orthodoxes ont fait le tour du monde par le bouche-à-oreille, Unorthodox constitue la première série à les mettre en images et en mots. Une représentation qui se veut des plus fidèles, respectant les costumes traditionnels, les rituels et la langue yiddish.
Unorthodox, de l'ombre à la lumière
L'intérêt majeur de ces quatre épisodes réside dans la mise en évidence du choc entre deux cultures. D'une part, celle très traditionaliste des ultra-orthodoxes, et d'autre part, celle de la société berlinoise contemporaine. Commençant dans l'univers ultra fermé dont Ester est issue, l'histoire se termine à Berlin. Force est de constater que la jeune femme passe progressivement de l'ombre à la lumière à plusieurs niveaux.
Premièrement, d'un point de vue purement visuel : les repas de famille à Williamsburg prennent place dans de sombres pièces, éclairées à la bougie. D'épais rideaux couvrent les fenêtres, les intérieurs comportent peu de décorations et demeurent très épurés. Une obscurité qui s'applique à tous les domaines de la vie quotidienne car même les rapports sexuels d'Ester avec son mari doivent se dérouler lumière éteinte.
A son arrivée à Berlin, la jeune femme découvre un monde lumineux, où elle peut se montrer au grand jour. Plus besoin de se dissimuler sous ses longs vêtements ni de porter une perruque. Les intérieurs se font ostensiblement plus clairs et accueillants, à l'image de cette nouvelle vie qui s'offre à elle. Si ce choc apparait de façon si puissante, c'est aussi grâce à la reconstitution spectaculaire de l'univers ultra-orthodoxe.
Un film d'époque ancré dans le monde contemporain
Comme l'expliquent les créateurs de la série dans le making-of, " le but était de plonger au cœur de l'univers de cette communauté ". Un tour de force réussi au travers des costumes, de la langue et des rituels mis en image. Les cérémonies du mariage et du mikvé, par exemple, s'avèrent particulièrement codifiées, voire intriguantes pour les néophytes. Filmés de manière intimiste, proche des personnages et sans jugement, ces moments de vie de la communauté paraissent sortis d'un documentaire.
Les équipes techniques précisent qu'elles ont pu vivre une immersion de quelques jours à Williamsburg afin de mieux saisir les détails des décors et costumes. Un travail qui a porté ses fruits car ceux-ci se révèlent d'une grande beauté et très étudiés, de la robe de mariée jusqu'aux chapeaux traditionnels en passant par les vêtements d'intérieur. Les coiffeurs ont aussi effectué beaucoup de recherches, tout comme les acteurs eux-mêmes ayant dû suivre un coaching en langue yiddish. Autant de choix méticuleux supervisés par des rabbins et ex-membres de la communauté qui font que le spectateur se sent happé par cette atmosphère de film d'époque.
Unorthodox propose une immersion captivante dans l'intimité d'un groupe très fermé. Certaines péripéties berlinoises de l'héroïne restent toutefois difficiles à croire. Le fait qu'elle se fasse une place si importante dans sa nouvelle bande d'amis rencontrés si vite ne parait pas forcément très crédible mais ces choix scénaristiques ne font que servir le but de la série : montrer le choc des cultures. Si le scénario n'a, en soi, rien d'extraordinaire, la cohabitation de ces deux mondes radicalement opposés est magistralement orchestrée.