d'Homère (?)
d'après une épopée antique grecque écrite vers la fin du VIIIe s av. JC
Roman classique - 430 pages
Traduction par Dufour et Raison
Editions Flammarion - mai 2017
La guerre de Troie achevée, il est temps pour Ulysse de retrouver son île d'Ithaque, son fils Télémaque et la prudente Pénélope. Sur son parcours, des épreuves, des colères de Poséidon, des détours et des retenues, des attaques et des pièges. Parvenu non loin de son îl, il sera fortement détourné par les flots et les vents, et envoyé jusqu'à l’extrémité ouest de la Méditerranée, chez Calypso, la déesse qui le retiendra 10 ans, rêvant d'en faire son mari et un immortel. Ulysse toujours garde le cap, le mortel aux mille expédients use des stratégies qui lui souffle sa ruse et la bienveillante Athéna. Quand enfin il parvient sur les rives d'Ithaque, le salut n'est pas encore prêt, restent les innombrables prétendants de Pénélope, armés, qui siègent en la demeure d'Ulysse, rient et festoient en épuisant ses ressources.
Lu à la hâte lorsque j'avais une dizaine d'années, j'ai voulu relire ce texte, davantage que la guerrière Illiade, mise en appétit par mon passionné de fils et par l'éloquent Sylvain Tesson.Pour de telles œuvres classiques, on apprécie les éditions augmentées de préface et de dossiers, ici avec trois chapitres additionnels : Commentaire des treize aventures d'Ulysse, " Aventure merveilleuse, aventure «réelle» et Les femmes de l'Odyssée. On apprécie aussi de connaître certaines stars de la mythologie, pour faire la lumière sur les nombreux personnages croisés, et pour certains leur double identité.Extrait :"Télémaque, divinement beau, l’aperçut avant tous. Assis parmi les prétendants, il avait le cœur plein de chagrin voyant en pensée son valeureux père : ne reviendrait-il pas faire en son manoir une jonchée de ces prétendants, ressaisir les droits du maître et régner sur ses biens ? Ainsi songeait Télémaque assis parmi les prétendants, quand il aperçut Athéna. Il alla droit au porche, et son cœur s’indignait qu’un hôte attendît si longtemps à la porte ; il s’approcha de l’arrivant, lui prit la main droite, reçut sa javeline de bronze, et lui adressa ces paroles ailées : « Salut, étranger, tu seras chez nous traité en ami ; viens d’abord souper ; tu diras ensuite ce dont tu as besoin. »"
Ce qui est touchant c'est la beauté d'un texte qui nous parvient presque 30 siècles plus tard, et de voir comme la littérature a eu et conserve son pouvoir de décrire des mondes et des rêves d'Hommes. Le récit est aussi frappant par sa construction, qui déjà manie avec talent les flash backs, les récits dans le récit, les quiproquos, les formules qu'on répète, la poésie et une forme précieuse de décrire, sa structure solide. Alors oui, il peut y avoir des critiques sur des redondances, des rappels du passé d'Ulysse déjà connus du lecteur, des passages qui ne seraient pas authentiques mais écrits postérieurement. Oui, c'est vrai, mais ça n'enlève pas le souffle, la force de ce conte antique, qui a su fasciner d'innombrables générations, jusqu'aujourd'hui. Ulysse n'est pas un aventurier, il subit les éléments, tout juste est-il un héros, mais un héros glorieux car soutenu divinement. Ce sont alors les Phéaciens, un peuple généreux, marin, serviable, accompagnateurs, qui ressortent en véritable légende, en idéal à atteindre, en modèle d'humanité.
Le périple d'Ulysse resuivi par Sylvain Tesson - ArteL'avis d'Annie - Une vie à lire