Qui dit festival dit nécessairement programmation exhaustive mais aussi risque de boulimie. Ce fut un peu mon impression cette année aux Eurockéennes. Comme susdit, et nous étions prévenus, c'est une véritable armada de talents qui était dans les starting-blocks pour la deuxième journée du traditionnel rendez-vous musical belfortin. Des anciens, des nouveaux et des inconnus. Chanson, rap, rock, électro, de tout pour tous les goûts. Cependant, au sein de cette fine sélection offerte à nos oreilles, on pouvait noter la présence de nombreux « newcomers », révélations de l'année précédente ou en cours, ne pouvant compter à leur actif qu'un unique album complété dans de rares cas par une poignée de maxis. Vampire weekend, Midnight Juggernauts, Phoebe Killdeer, Santogold, CSS, The Do parmi d'autres. D'où un récurrent sentiment de frustration en écoutant ces jeunes artistes interpréter leur unique opus puis quittant la scène presque brutalement. La pilule passe parfois avec un certain plaisir (Midnight Juggernauts), d'autres fois l'on s'étouffe carrément (Santogold). Direction la baraque à frites.
Pour être tout à fait honnête, et exceptant un moment d'obession idôlatre pour l'imposant Nick Cave, aucune des autres pointures du jour ne m'a vraiment scotché, même si certains salueront sans doute la performance de N*E*R*D qui clôtura la journée. Pour ma part, c'est plutôt du côté des découvertes que ce samedi fut, à mon goût, généreux. Sous le soleil d'un début d'après-midi, généreux également, la première surprise vint de l'Italien Alborosie et de son équipe (photo). Aux manettes, ils lancent une lourde vibe reggae-ragga. Quelques cuivres, une ligne de choristes dynamique et la voix rauque du Sicilien. Le son est fondamentalement f-estival (!), il ne faut rien de plus pour succomber et se laisser entraîner. Le blanc-bec à dreads et ses camarades s'emparent avec classe de la grande scène du festival et enchaînent titres roots et ragga. Dans le public, on lève le poing et on se tortille, entre nonchalance et langueur, bienheureux.
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L'autre bonne petite suprise du jour nous provient de Bourgogne. Le quator Pulpalicous, un peu à la manière de leurs aînés de Birdy Nam Nam, s'active à ses platines et balance de puissants instrus, alternant plages d'abstract hip hop (sic) et d'électronica. Les jeunes Dijonnais, propres sur eux, visages de poupons et chemises blanches à manches courtes, communiquent leur enthousiasme et leur plaisir à la foule. La connivence est totale. Les basses sont pesantes, les mélodies captivantes et la saturation est usitée sans parcimonie. Pas de fausses notes, le public en redemande et acclame les frenchies à la fin de leur set.
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En dépit de quelques déceptions, cette journée aura fourni une belle preuve de la vitalité du festival de Belfort qui, s'il se calque parfaitement et parfois de façon trop automatique sur le buzz musical ambient, n'en oublie pas pour autant sa mission de découvreur de talent. Pour info, les Pulpalicious n'ont encore signé sur aucun label. Je ne m'inquiète guère.
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