La pochette, en effet, fait soigneusement signe du côté du mouvement punk historique de 77 : le drapeau rouge et noir c'est pour la subversion, le ver de terre pour le côté subculture juvénile, et le rafistolage de la pochette pour l'amateurisme et la misère matérielle. On a même droit aux habituelles injures : « CD's really fucking blow» (déclaration d'amour au vinyl ?). De la musique punk, les DLJ gardent la rage et la sauvagerie (Jehu était un roi d'Israël plutôt sanguinaire), autant dans les vocaux hurlés et écorchés que dans les jeux de guitare, furieux, et exploitant tout une gamme d'effets noisy. Mais on est trés loin de Anarchy in the UK par la complexité de l'écriture musicale. Les structures rythmiques sont changeantes, tantôt initiées par la guitare et relayées par la batterie, tantôt l'inverse, au sens où cette complexité rythmique concerne les deux instruments. Les standarts du pop-rock explosent, mais l'expérimental chiant nous est épargné, parce que les DLJ ont envie de gueuler et de jouer. Le son est garage, pas de zigoui-goui de production, mais ne vire jamais basique, tant batteur et guitaristes sont virtuoses et inventifs. C'est alors trés naturellement qu'un pareil groupe, aussi peu respectueux de la religion binaire définitionnelle du rock, trouve sa place entre deux morceaux de free jazz programmés par Yves.
On ne s'ennuie jamais, comme ça arrive souvent, finalement, quand on s'adonne trop au genre post-punk saccadé (n'est-ce pas Nickx ?). On est tout simplement éblouis, admiratifs devant la qualité d'écriture des compos, scotchés par l'intensité de certains morceaux, à faire pâlir les performances du grindcore contemporain, qui mériterait, après coup, de finir dans une compilation Toupargel, du genre « le meilleur de Michel Sardou». _
En Bref : Un revival post-punk qui nous éblouit par son inventivité rythmique, sa liberté de composition, sa virtuosité de jeu. Incapable de devenir une rengaine FM (comme le Smells like teen spirit de la même année).