Je suis tout excité, je viens de publier un livre sur la quête du bonheur. Et j’en parle à longueur de journée à mon petit chat. Il m’écoute sagement et me lance de temps à autre des bribes de miaou. Entre deux miaous à peine audibles j’ai cru entendre, retour d’âge. Je ne sais quoi en penser.
Trois jours après, voilà comme petit chat qui m’informe qu’il va ouvrir une chaîne YouTube sur le Bonheur. Il voudrait que je lui serve de spectateur. De cobaye quoi.
Il me demande d’abandonner mon fauteuil confortable, de m’allonger sur la carpette. Il s’est mis sur mon siège, a mis des lunettes et s’est adressé à moi.
« Bonjour, bienvenue sur ma chaine YouTube. Si tu cherches le bonheur, tu es à la bonne chaîne. Tu te sens malheureux, j’ai la solution pour toi. »
Voilà que mon petit chat se met à me tutoyer.
« Enfin petit chat tu me tutoies.
— C’est la mode, pour te rendre heureux il faut te tutoyer. Tous les youtubeurs font ça. »
J’ai du mal à comprendre cette logique, mais si ça doit me rendre heureux.
Le lendemain, mon petit chat me demande de dégager de ma carpette bien confortable.
« Retournez à votre siège, me dit-il, je suis très heureux en tant que chat. »
Depuis ce jour j’ai d’horribles interrogations :
pourquoi mon petit chat me vouvoie ?
Pourquoi est-il heureux alors que moi je ne le suis pas ?
Je dois l’avouer je suis jaloux de son bonheur. Je dois trouver son point faible.
En fait j’ai trouvé, le petit chat fait souffrir les souris. Voilà la parade que je vais lui servir en le vouvoyant bien entendu. Mais, si en réponse, il me rappelait le dernier civet de lapin que j’ai mangé.
Du coup, je me sens bien triste dans mon fauteuil, et je lui envie cette carpette étendue par terre.
Moralité chers lecteurs, chères lectrices, si tu veux être heureux, il faut être un petit chat.
Quant au civet de lapin, promis, j’arrêterai. Miaou.
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