L'autre jour je parlais des rôles positifs de l'action collective, à propos du nucléaire, mais aujourd'hui j'en ai un exemple digne du JT de TF1 le dimanche midi. Petit village et tout. Mais quand même version sale gauchiste socialo-traître.
Je me trouve donc dans un petit village français à la recherche d'un peu de pain sans sel. Pas pour moi, pour quelqu'un d'autre qui ne peut manger que ça comme pain. Peu importe. Je trouve la boulangerie sur la place principale. Il y a même le boulanger assis dehors en train de discuter avec un copain. Le boulanger est même un grand un peu gros avec des magnifiques moustaches grises, qui aurait pu jouer un patriarche dans un feuilleton de l'été sur TF1.
J'entre, il me suis dans sa boulangerie et je demande mon pain sans sel. Râté, il en fait pour certains clients, mais seulement sur commande. Passionnant, non?
C'est alors qu'il m'explique que son pain ordinaire a moins de sel qu'avant, parce qu'une réduction a été décrétée, il est passé de 30 grammes de sel par litre d'eau à 20. (Je me trompe peut-être sur les mesures.) On supprime 30% du sel dans le pain.
Quel rapport, donc, avec l'avenir de la communication politique en France? Voilà...
Depuis quelques mois, nous sommes bombardés d'informations sur la sur-consommation du sel, partout dans le monde. On mange beaucoup trop de sel, c'est très mauvais. Il paraît que chez les boulangers, la concurrence fait augmenter le taux de sel dans le pain. Au fur et à mesure que les clients s'habituent au pain de plus en plus salé, tous les boulangers sont obligés de suivre l'inflation du sel dans leur pain, sous peine de produire un pain qui paraîtrait fade.
Comment donc arrêter l'escalade meurtrière du pain salé ? L'action individuelle est suicidaire : vous produisez du pain que personne n'aime et vous fermez boutique. Les campagnes d'éducation pour les consommateurs n'y feront rien, parce qu'en général on ne goûte pas le sel dans le pain, mais seulement son absence. Il faut donc une action collective, une trève du sel, qui finalement n'aura pas d'effet sur les boulangers : le marché du pain sera identique si tout le monde passe à 20 grammes par litre d'eau. Sauf que les clients risquent de vivre plus longtemps.
Voilà, fin de l'anécdote avec des boulangers qui se lèvent tôt.