« 30 à 40% des entreprises auront du mal à passer l’été », déclare Jean Pinard, directeur du Comité régional du tourisme (CRT). Dans la 4e région la plus touristique au plan national, où ce secteur a rapporté 15, 9 milliards d’euros en 2018 et où il emploie 96 500 personnes, la crise générée par le Covid-19 risque de peser lourd. Même si le secteur se démène pour trouver des solutions…
Tout s’est arrêté. On a éteint la lumière…», prend comme image Jean Pinard, directeur du CRT Occitanie. Vice-président du Groupement national des indépendants (GNI) de l’hôtellerie, bars, cafés, restaurants, traiteurs et discothèques de l’Occitanie (Synhorcat), Philippe Etourneau confirme : «Depuis le 14 mars, tout est au point mort.Les hôtels ont le droit d’être ouverts, mais faute de clientèle, 95% d’entre eux sont fermés. Ceux qui restent ouverts accueillent un peu de clientèle professionnelle, des soignants, ou des populations en difficulté, comme les sans-abri. Mais pas de touristes». Une situation économique épineuse car «tout ce qui n’a pas été consommé dans un bar, un café, un restaurant, un hôtel depuis mi-mars ne se rattrape pas…». D’après les professionnels, «30 à 40% des entreprises du tourisme auront les pires difficultés à passer l’été», cite le directeur du CRT Occitanie. Dans la restauration en région, abonde Philippe Etourneau, «10% des entreprises étaient déjà en difficulté, à la suite du mouvement des Gilets jaunes, des grèves dans les transports publics.» Les effets du confinement risque bien de leur être fatal, redoute-t-il. «Avec à la clé des pertes d’emploi, et la situation difficile de tous les saisonniers dont l’embauche a été repoussée.»
« Il n’y aura sans doute pas d’étrangers cet été »
Lors de son allocution télévisée, le 13 avril, le président de la République Macron n’a pas parlé de réouverture des cafés ni des restaurants le 11 mai, date de début de sortie du confinement. Depuis, les professionnels se battent pour obtenir une date de reprise (voir aussi encadré). Une réunion à l’élysée doit avoir lieu sur le sujet. Selon Didier Chenet, président national du Synhorcat, «une réouverture au 15 juin paraît probable». Elle n’est pas encore arrêtée. «Mais pour rouvrir, il faut mettre en place un protocole sanitaire. La profession y travaille. Il devrait être prêt d’ici fin avril», estime-t-il. Pour Jacques Mestre, président de l’Union des métiers de l’industrie et de l’hôtellerie en Occitanie, «notre premier souci est sanitaire. Notre personnel doit pouvoir être en sécurité. Or il y a de très petits restaurants avec des cuisines de 3 mètres carrés, comment faire pour faire respecter la distanciation sociale?…». Dans ce contexte, et une fois la difficile question sanitaire réglée, «si on veut sauver les entreprises du tourisme en Occitanie, en plus des aides des collectivités, il faut leur amener des clients», appuie Jean Pinard.
Le CRT s’est attelé à la mise en place d’un système de réservation gratuit, «pour réserver une nuit d’hôtel, un resto à l’avance, à consommer plus tard» Il contacte aussi tous les comités d’entreprise pour qu’ils reportent les voyages prévus à l’étranger, dans la région. Comme «il n’y aura sans doute pas d’étrangers cet été*, l’enjeu est que la saison estivale soit boostée par une attitude de consommation citoyenne : aller dans le resto d’à côté, un camping de la région…», exhorte-t-il.