En Occitanie, avec la fermeture des marchés en raison de la crise sanitaire et le risque accru de contamination dans les grandes surfaces, les ventes directes auprès des producteurs locaux progressent. Au moment où certains évoquent le « monde d’après », ces nouveaux modes de consommation prennent la voie prescrite pour un modèle durable.
La fermeture des 10 000 marchés de plein air le 23 mars dernier a sérieusement compliqué les moyens pour les producteurs locaux d’écouler leur production alimentaire. «Le principal changement a été la fermeture des marchés avec un impact important et certains tournés vers ce mode de vente ont vu leur chiffre d’affaires baisser assez drastiquement de l’ordre de 50% voire plus», précise Paul Ferté, porte-parole de la Confédération paysanne du Gard. Avec leurs camarades héraultais, le syndicat demande d’urgence aux autorités la réouverture totale de ces points de vente.
Face à cet enjeu en débat entre le ministère de l’Agriculture et les préfets, en partie résolue avec la réouverture après coup d’un tiers des marchés sous certaines conditions sanitaires strictes, les consommateurs ont cherché à emprunter une alternative. Le confinement oblige les familles à consommer près de chez elles et davantage car il est impossible de manger à l’extérieur en raison des mesures imposées.
Le nombre de « drive paysan » et de vente de paniers est en pleine expansion dans le Gard et l’Hérault. Les circuits courts et les plateformes en ligne pour commander se multiplient et rien qu’à Montpellier, la Chambre d’Agriculture a annoncé le 14 avril l’ouverture de quatre « drive » dans les communes de la Métropole.
Marine Thomas, éleveuse de chèvres à la ferme du Capri’ces des Cévennes à Saint-André-de-Valborgne constate une augmentation de la demande auprès des magasins de revente en ville et des magasins de producteurs associatifs. «Certains magasins ont réduit les horaires sans constater de baisse de chiffres. Et dans un magasin, Le Local Paysan à Nîmes, le chiffre d’affaires a bien augmenté. On n’est pas loin de le doubler», relève-t-elle.
Labeur et localité
«Au niveau du producteur, la conséquence a surtout été beaucoup plus de temps de travail. Au niveau organisationnel, ce genre de mode de vente est quand même beaucoup plus lourd à gérer», explique le producteur-boulanger Paul Ferté de la Confédération paysanne. En effet, avec une demande en hausse et la nécessité de s’adapter rapidement au contexte, les producteurs consacrent davantage de temps au travail. Pour une rémunération moindre selon les cas d’après le porte-parole du syndicat. «On est un peu au four et au moulin», concède la productrice Marine Thomas.
Outre la problématique d’un travail plus important, la proximité d’un lieu de production avec les consommateurs joue forcément. Marine Thomas s’inquiète pour l’activité des producteurs isolés hors des périphéries urbaines comme la ferme Terroirs Cévennes près d’Anduze. De son côté, la Confédération paysanne a lancé une campagne de solidarité et une cagnotte en ligne pour aider des producteurs également dans les Cévennes.