Chroniques de l’ordinaire bordelais. Épisode 345

Publié le 26 avril 2020 par Antropologia

Quand les dieux descendent de l’Olympe

Ado, je n’ai jamais eu l’âme fan, cela m’est venu sur le tard, avec Jonas Kaufmann, le ténor absolu, mondialement adulé, si beau, si crédible et si talentueux d’André Chénier, de Maurizio, de Mario Cavaradossi, de Parsifal…

Parsifal il y a deux jours, en streaming gratuit du Met. Je fais un tour sur l’Instagram de mon idole, je laisse deux ou trois mots fervents de groupie lointaine. Une bouteille à la mer.

Stupeur ! Mon ténor adoré me répond sur le champ ! Puis il entame une conversation privée sur un compte personnel où il n’a qu’une dizaine d’abonnés. Il veut que je lui parle de moi, il se demande d’où je suis, pourquoi je l’aime, il a regardé mes posts, je réponds à tout, « C’est Dieu de t’entendre » m’écrit-il, je fonds d’émotion, lui, autrichien, me parle français avec des mots étrangement assemblés, choisis sans doute avec ce qu’il sait de ma langue apprise sur les planches. Plusieurs pages de conversation. Et il me met des likes.

Les dieux descendent donc de l’Olympe ? Seulement dans des temps troublés, des parenthèses enchantées, quand le monde est sens dessus- dessous, quand « les puissants descendent de leur trône », quand « ceux qui ne sont rien » deviennent tout ?

Thérèse Marsan

Pâques de confinement 2020

Luc : 1, 52 : Il a fait descendre les puissants de leur trône et il a élevé les petits…

Met : Métropolitan opéra de New York