"Celui qui bouge et qui livre a la part la moins bonne"
Un gros titre très mundstockien !
C'était la une hier et, en haut, vous reconnaissez
la manchette en hommage à Marcos Munstock
Avant-hier, les livreurs à vélo se sont mis en grève dans plusieurs villes d’Argentine. Ces dernières années, leur condition s’est précarisée à cause de l’implantation des plateformes en ligne qui se sont emparés de l’intégralité du marché (1).
A Buenos Aires, ces travailleurs sans protection sociale et sans protection physique pendant cette épidémie se sont rassemblés au pied de l’Obélisque, un lieu emblématique qui les a rendus très voyants : ils se tenaient à quelques mètres du plus emblématique et du plus moche de tous les restaurants MacDo d’Argentine. Le plus insolent et le plus colonialiste aussi puisqu’il occupe l’emplacement d’un très ancien café, El Nacional, où le musicien et compositeur de tango Osvaldo Pugliese avait créé son mythique orchestre en 1939.
Malgré toute cette symbolique, seul Página/12 a parlé du mouvement. Le quotidien de gauche lui a même consacré sa une. Ces plateformes utilisent les services d’environ 160.000 coursiers payés au lance-pierre et exploités à fond pendant cette période de confinement pour des clients qui leur font livrer tout et n’importe quoi.
Cette grève a été organisée simultanément dans plusieurs pays du sous-continent.
Pour aller plus loin : lire l’article de Página/12 dont le journaliste a recueilli les témoignages de ces esclaves modernes.
(1) A noter qu’à Buenos Aires, le service de voiture avec chauffeur de Uber n’a pas pu s’implanter par la volonté des pouvoirs publics qui refusent de créer une concurrence déloyale aux taxis (dont les tarifs sont réglementés par les autorités politiques) et les remis, un système concurrentiel, privés mais lui aussi réglementé, avec des prestations sociales pour les salariés.