Partager la publication "[Critique] LA TERRE ET LE SANG"
Note:
Origines : France/Belgique
Réalisateur : Julien Leclercq
Distribution : Sami Bouajila, Sofia Lesaffre, Eriq Ebouaney, Samy Seghir, Gaëtan Lejeune…
Genre : Thriller
Durée : 1h20
Date de sortie : 17 avril 2020 (Netflix)
Le Pitch :
Said doit se résoudre à vendre la scierie dans laquelle il a toujours travaillé, après avoir tenté de la maintenir à flot, notamment pour ses employés, des jeunes en réinsertion et des anciens détenus. Quand un de ces jeunes se sert de la scierie pour cacher une grosse quantité de drogue, Said doit pourtant se résoudre à faire des heures sup’…
La Critique de La Terre et le Sang :
On ne peut pas dire que la France soit une terre particulièrement fertile pour le cinéma d’action. Quelques réalisateurs essayent néanmoins de s’imposer. Julien Leclercq fait partie de ceux-là. Déjà responsable du remarqué Braqueurs, Leclercq a aussi récemment dirigé Jean-Claude Van Damme dans Lucas, un film finalement un peu décevant, dont les travers se retrouvent d’ailleurs dans le nouvel essai du cinéaste, le pas si bien nommé La Terre et le Sang…
Un film qui (n’)envoie (pas) du bois
La Terre et le Sang adopte une structure assez classique : tout le début est consacré à la présentation des personnages et de l’intrigue et la seconde partie est censée faire parler la poudre. Le scénario ne s’embarrassant pas d’artifices. Ce qui est une bonne chose pour un film qui emprunte beaucoup de ses codes au cinéma d’action pur et dur. Pour autant, on s’aperçoit très vite que Julien Leclercq, un peu comme avec Lucas, a beaucoup de mal à passer la seconde. Les premières minutes sont assez calmes et c’est logique, mais ensuite, quand la pression monte et que l’étau se resserre sur le personnage incarné par Sami Bouajila, la rythmique ne monte pas dans les tours. En gros, l’arrivée des bad guys dans la scierie où les attend Bouajila, l’arme au point, se déroule dans un marasme plombant. Peut-être est-ce pour bien nous faire comprendre ce qui se passe dans la tête du héros, un homme acculé de bien des façons, mais au final, ça ne fonctionne pas des masses.
Forest warrior
Dans le premier rôle, Sami Bouajila est comme d’habitude impeccable. Sobre, il sait preuve preuve de l’intensité nécessaire, sans sombrer dans l’excès et parvient à se montrer crédible dans l’action. Rien à redire. Pour le reste de la distribution par contre, c’est plus compliqué. Notamment au niveau du chef des bad guys, qui s’avère beaucoup trop monolithe pour incarner une vraie menace. La Terre et le Sang ne décolle donc jamais vraiment. Même les affrontements ne sonnent pas avec la puissance espérée. Avec son ambiance évoquant un peu le dernier Rambo, le film de Leclercq n’ose jamais vraiment y aller franchement et c’est bien dommage car à côté, rien ne lui permet de véritablement se raccrocher aux branches. Un peu comme si, effrayé à l’idée de vraiment lâcher la rampe pour y aller franco, le réalisateur avait sans cesse reculé pour au final ne jamais sauter le pas. Ce dernier étant armé d’un script qui ne lui offrait de toute façon aucune alternative. Il fallait foncer. Il fallait faire couler le sang et laisser s’exprimer la fureur. Ce qu’il ne pas fait pas. Même au dernier moment, quand vient le moment de conclure, Leclercq semble se refuser à totalement se raccrocher à des gimmicks qui pourraient rapprocher son film des canons américains du genre, mais s’autorise par contre des ralentis ultra ringards. Une démarche plutôt paradoxale mais symptomatique de ce cinéma de genre français qui, tout en cherchant sa légitimité, évite des clichés pour se vautrer dans d’autres. Au point parfois de sonner avec un ridicule gênant. La Terre et le Sang évitant au moins de trop se compromettre dans la gaudriole. Mais force est de reconnaître que tout ceci est terriblement anecdotique.
En Bref…
Film d’action voulu violent, furieux et désespéré, La Terre et le Sang n’est au final qu’un thriller méchamment banal, beaucoup trop mou pour son propre bien et fatalement anecdotique. Rien de désagréable en soi mais rien de mémorable non plus.
@ Gilles Rolland