Une récente étude a estimé les taux de transmission secondaire du coronavirus SARS-CoV-2 au sein de la famille et notamment chez les conjoints de patients index à 27,8%. Cette nouvelle étude d’une équipe de l’Université de l’Utah à paraître dans la revue Fertility and Sterility -la revue de l'American Society of Reproductive Medicine- a regardé le risque de transmission sexuelle. Ces premiers résultats suggèrent peu probable que COVID-19 puisse se propager dans le sperme.
Ces scientifiques ont mené l'étude auprès de patients hommes chinois récemment atteints de la maladie. Ils n’ont en effet identifié aucune trace du virus SARS-CoV-2 dans le sperme et dans les testicules des participants. Cependant, précisent les auteurs, la recherche n'était pas suffisamment « complète » pour exclure totalement le risque de transmission sexuelle. Mais, quoiqu’il en soit, ajoutent-ils, ce risque, s’il existait, serait extrêmement minime : « Dans cette petite étude préliminaire, il semble que le virus qui cause COVID-19 n’est pas présent dans les testicules ou le sperme et ce pourrait être une découverte importante », commente le Dr James M. Hotaling, co-auteur et professeur agrégé d'urologie spécialisé en fertilité masculine.
« Si COVID-19 était sexuellement transmissible, les implications seraient majeures pour la prévention et la santé reproductive »
L'équipe ne s’est pas penchée sans raison sur cette hypothèse de transmission sexuelle. En effet, d’autres virus comme Ebola, Zika et d'autres agents pathogènes viraux émergents sont sexuellement transmissibles.
L’analyse du sperme : l’équipe a analysé des échantillons de sperme de 34 hommes chinois en moyenne un mois après leur diagnostic de COVID-19. Les tests de laboratoire n'ont détecté le SRAS-CoV-2 dans aucun des échantillons de sperme. Les chercheurs ont néanmoins souhaité vérifier que le virus n’avait pas infecté les testicules où se forment les spermatozoïdes.
Si le virus se trouvait dans les testicules mais pas dans le sperme, il ne pourrait pas être transmis sexuellement mais pourrait endommager à long terme la production de sperme.
L’analyse des cellules testiculaires : les chercheurs ont utilisé un ensemble de données généré à partir d'un atlas d'ARNm unicellulaire leur permettant d’analyser le matériel génétique utilisé pour fabriquer des protéines, dans n'importe quelle cellule testiculaire. Ici, les chercheurs ont examiné en particulier l'expression de 2 gènes, l'enzyme de conversion de l'angiotensine 2 (ACE2) et la sérine protéase transmembranaire 2 (TMPRSS2) documentés comme des récepteurs majeurs permettant au SARS-CoV2 de pénétrer dans les cellules et de se répliquer. Pour que le virus puisse accéder efficacement aux cellules, les deux récepteurs doivent être présents dans la même cellule hôte. Les scientifiques constatent ici que les gènes codant pour ces 2 protéines ne sont exprimés que dans 4 des 6.500 cellules testiculaires, ce qui suggère qu'il est peu probable que le SRAS-CoV-2 puisse infecter et envahir les cellules testiculaires humaines.
En dépit de ces résultats, les chercheurs reconnaissent plusieurs limites à la recherche, l’échantillon modeste et l’absence de forme sévère de COVID-19 chez leurs participants. Un patient plus sévèrement malade pourrait en effet être porteur d’une charge virale plus élevée, ce qui pourrait augmenter le risque d’infection du sperme.
« A ce stade, nous n’avons pas identifié la présence de virus dans le sperme des patients de cette étude qui se remettaient de formes légères à modérées de la maladie. Cependant nous rappelons qu'un contact intime peut augmenter le risque de propagation de la maladie par la toux, les éternuements et les baisers ».
Source: Fertility and Sterility (Pre-proof) 13 April, 2020 DOI : 10.1016/j.fertnstert.2020.04.024 No evidence of SARS-CoV-2 in semen of males recovering from COVID-19
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Équipe de rédaction SantélogAvr 23, 2020Rédaction Santé log