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Franck Schleck prend les commandes d'un Tour très indécis !

Publié le 20 juillet 2008 par Marbor

La 15eme etape du Tour de France 2008 etait la premiere des trois etapes alpestres proposees aux coureurs cette annee. Annoncee comme la moins difficile des trois, elle etait longue de 183 kilometres et emmenait le peloton d'Embrun a Prato Nevoso. Le Tour de France ouvrait donc ses portes a l'Italie et a ses massifs montagnards.

Un coureur avait coche cette etape sur son programme, surtout apres sa terrible defaillance dans le Tourmalet: Damiano Cunego. L'Italien de la Lampre, eternel espoir dans son pays et vainqueur du Giro en 2004 ( annee au cours de laquelle il avait veritablement explose sur le plan international, terminant premier au Classement UCI), n'a jamaisbrille dans le Tour de France. L'occasion lui etait donc donnee aujourd'hui de remporter une victoire d'etape de prestige, qui plus est devant tous ses fans et ses supporters. Ses chances de s'imposer etaient reelles mais dependaient avant tout de l'attitude des leaders. Allaient-ils s'attaquer des le col Agnel ou allaient-ils attendre la montee finale pour s'expliquer? Une echappee irait-elle au bout aujourd'hui? La CSC referait-elle le coup de l'etape Pau-Hautacam?

Beaucoup d'interrogations donc avant le depart de cette etape mais une certitude: le Maillot a Pois de Meilleur Grimpeur allait changer d'epaule a l'issue de l'etape. Porte par Sebastian Lang apres l'exclusion de Ricardo Ricco, ce maillot etait un des enjeux de cette etape. Concernant le Classement General, a moins d'attaques de leaders dans l'Agnel, chose difficile a concevoir et qui pourtant serait fantastique pour le suspens et le scenario de l'etape, on voyait mal la hierarchie totalement chamboulee au point de retrouver un Maillot Jaune avec plusieurs minutes d'avance sur ses concurrents a l'issue de l'etape.

On esperait enfin voir un Franais concretiser l'allant offensif general de tous les coureurs Franais depuis ce debut de Tour de France. A part Samuel Dumoulin, aucun Franais n'a reussi a dejouer les plans du peloton et a s'imposer. Ces deux derniers jours, on a assiste a la demonstration que sans un minimum de tactique et de malice, meme si on a les jambes, on ne peut l'emporter. Nous faisons bien sur reference a Sylvain Chavanel. Dans la montagne, peu de Franais peuvent neanmoins rivaliser avec les meilleurs. Seuls Sandy Casar et Stephane Goubert se sont montres capable de limiter les degats, sans pourautant pouvoir passer a l'offensive.

Avant de passer a cette etape, revenons un court instant sur "l'actualite dopage" du jour. L'Italien Ricardo Ricco continue de clamer haut et fort son innocence a qui veuille l'entendre. Il a aujourd'hui remis serieusement en cause la fiabilite des tests effectues sur les coureurs pendant ce Tour. En clair, sans aucune connaissances sur le sujet, il pretend que son controle positif est le fruit d'une erreur d'analyse de la part du laboratoire de Chatenay-Malabry. Ce coureur a vraiment un sacre culot. D'autant plus que, dans le meme temps, Leonardo Piepoli, son aine au sein de l'equipe Saunier Duval, aurait avoue a son directeur sportif qu'il aurait pris la meme chose que Ricco, soit de l'EPO. Cela expliquerait donc le licenciement de Piepoli dans la foulee de celui de Ricco. Quoi qu'il en soit, les resultats des analyses effectuees apres l'arrivee a Hautacam devraient nous eclairer a ce sujet.

Aussi, il est important de signaler l'abandon ce matin du sprinter Brittanique Mark Cavendish. On le pressentait depuis quelques jours, c'est fait. Le coureur de l'equipe Columbia, victorieux a quatre reprises sur ce Tour de France 2008, a donc decide de faire une croix sur une possible victoire de prestige aux Champs Elyses, privilegiant la course olympique de Pekin. Bien evidemment, ce retrait a entraine, sur le web nottament, l'indignation de nombreux amoureux de Cyclisme qui voit ce retrait comme une atteinte a ce sport, comme une marque de mepris a l'encontre du Tour de France. Nous pensons a la redaction qu'il s'agit plutot d'un choix strategique. Cavendish, au depart, ne devait pas disputer le Tour de France. Sa bonne forme au Giro et l'insistance de ses directeurs sportifs l'ont convaincu de venir sur ce Tour. Il a bien fait. Mais l'objectif de sa saison a toujours ete de remporter la course olympique. Il reste donc fidele a son objectif en se retirant de la course juste avant les Alpes. La lutte pour le Maillot Vert, avec ce retrait, semble ne plus avoir grand interet des lors, Oscar Freire possedant plus de 40 points d'avance sur le deuxieme du Classement par Points.

Sur la ligne de depart de cette etape, une pluie battante et drue tombait. Voila qui risquait de chambouler tout les plans et toutes les strategies ayant pu etre mis(es) en place dans les bus des coureurs. En effet, la pluie s'invitant sur les routes du Tour, elle allait rendre l'ascension du col Agnel bien plus penible qu'a l'accoutumee et surtout rendre la descente, longue de 45 kilometres, tres perilleuse. On pensait alors a Franck Schleck, peu a l'aise dans l'exercice de la descente comme il nous l'avait encore prouve lors du tout recent Tour de Suisse, et on se disait que ses adversaires allaient peut etre tenter de le mettre en difficulte.

De nombreuses attaques se succederent dans les premiers kilometres de course, commea peu pres tous les jours depuis le debut du Tour. Finalement, trois hommes bientot rejoint,quelques kilometres plus tard, par un quatrieme se firent la belle. On retrouvait la Martinez de l'equipe Euskaltel, Arrieta de l'equipe AG2R, Pate de l'equipe Garmin et Gerrans de l'equipe Credit Agricole. Parmi ces 4 coureurs, seuls les deux premiers etaient reellement de bons grimpeurs. Derriere eux, le peloton ralenti tres fortement l'allure, les equipiers de Cadel Evans assurant un train de senateur. L'ecart grimpa en fleche et atteint, au pied du col Agnel, 12 minutes.

Dans le col Agnel, long d'un peu moins de 20 kilometres et classe Hors Categorie, aucun favori ne passa a l'offensive. Pire, le peloton n'accelera pas l'allure et les sprinters parvinrent jusqu'a quelques kilometres du sommet a rester au sein du peloton. Le premiera l'arriere fut Brandt, de la silence Lotto, qui risquait des lorsde passer une bien mauvaise journee. Puis ce fut au tour de Stijn Devolder de lacher prise, a la surprise generale. Bien place au general, le coureur de la Quick Step semblait dans un jour sans, le teint pale et la bouche grande ouverte. On apprenait quelques minutes plus tard, sans surprise, son abandon. Sebastien Chavanel fut egalement un des premiers laches mais pour une autre raison: il coinca son impermeable dans les rayons de sa roue arriere. Commenca alors le debut d'une longue galere...

L'equipe Lampre, a 10 kilometres du sommet, vint se placer en tete de peloton et accelera l'allure. On l'a dit, Damiano Cunego avait pour ambition de remporter la victoire d'etape. Avec des echappes a pres de 13 minutes, il ne fallait plus tarder si l'Italien voulait avoir une chance de s'imposer a Prato Nevoso. Les 4 hommes de tetes passerent au sommet du Col Agnel avec pres de 12 minutes d'avance sur le peloton Maillot Jaune, compose d'environ 90 coureurs, signe que la montee avait ete tranquille.

Alors que le temps s'etait ameliore et que toute la montee de l'Agnel s'etait effectuee sur le sec, au debut de la descente la pluie refit son apparition, rendant la chaussee glissante. Alors que la partie technique de la descente avait ete avale par un peloton lance a la poursuite des quatre hommes de tete, en pleine ligne droite, Oscar Perreiro de la Caisse d'Epargne heurta de plein fouet un parapet et passa par dessus. Il re-atterrit 5 metres plus bas, de l'autre cote du lacet. Une chute terriblement spectaculaire qui fit craindre le pire. Heureusement, peu de temps apres, des nouvelles rassurantes nous parvinrent: il ne souffrait "que" d'une fracture de l'epaule et de multiples contusions. Cette chute eu un impact psychologique tres fort sur le peloton, qui ralenti alors l'allure de faon tres significative. Tres certainement que les coureurs se rappelerent alors de la chute de Joseba Beloki il y a quelques annee ou pire, de la chute mortelle de Fabio Casartelli sur le Tour de France 1994.

Les echappes profiterent de ce fait de course pour re-augmenter leur avance, la portant a plus de 16 minutes a 90 kilometres de l'arrivee. On voyait mal le peloton pouvoir revenir sur eux. Pourtant, il restait apres la descente encore 75 kilometres de vallee a parcourir. La Lampre, avec l'aide de la CSC, reprit sa chasse apres que tout le monde eu reprit ses esprits. Malheureusement, la course poursuite fut une nouvelle fois interrompu par une chute d'une vingtaine de coureurs, sans gravite, dans un rond point. Elle impliqua nottament Nibali mais surtout Cunego. Lui qui revait tout haut ce matin de victoire voyait peut etre la une nouvelle occasion s'echapper. En tout cas, apres cette chute, on ne vit plus les Lampre aux avants-postes.

A 40 kilometres de l'arrivee, les echappes possedaient pres de 16 minutes d'avance sur le peloton. Ils allaient, c'etait desormais une certitude, se disputer la victoire. Derriere, l'equipe CSC pris les choses en main. Sous l'impulsion de Stuart O'Grady et de Kurt Ale Arvesen, le rythme du peloton s'accelera de faon tres significative, si bien que des cassures eurent lieu au sein du peloton. Les equipiers de Franck Schleck et de Carlos Sastre ne ralentirent pas l'allure dans l'ascension du Col de la Mort, a 20 kilometres de l'arrivee, col de 3eme Categorie. Le but de cette acceleration aussi soudaine qu'impressionnante etait de durcir la course et de faire mal a tout le monde, avant la montee finale. On preparait le terrain pour une attaque eventuelle de Franck Schleck qui pouvait ce soir ravir le Maillot Jaune a Cadel Evans.

Fabian Cancellara et Jens Voigt prirent le relais de leur coequipiers et accentuerent encore l'allure du peloton. Si bien que lorsque ces deux coureurs eurent fini leur "boulot" et qu'Andy Schleck, le frere cadet de Franck, pris la tete du peloton, il ne restait plus que10 coureurs: les Freres Schleck, Carlos Sastre, Cadel Evans, Valverde, Kreuziger, Kohl, Van De Velde, Menchov et Sanchez. Andy Schleck semblait tres fort mais devait jouer le role d'equipier de luxe. Alors qu'il semblait en mesure de s'echapper, il se contenta d'assurer un tempo soutenu en attendant l'attaque de son frere Franck. C'est Menchov qui declencha la premiere grosse acceleration. Alors qu'il avait fait rapidement un petit ecart, dans un virage, il chuta lourdement. Il se releva aussitot et rattrapa vite le groupe Maillot Jaune. Pour une fois que le Russe prenait ses responsabilites, qu'il semblait fort, ce n'etait pas vraiment pas de chance.

A l'avant de la course, Egoi Martinez tenta par deux fois de distancer ses compagnons d'echappes. Mais Pate, pourtant specialiste du contre la montre et peu connu pour ses qualites de grimpeur, ainsi que Gerrans s'accrocherent a ses basques (!). Le coureur d'Euskaltel fit alors l'erreur de ne pas re-accelerer encore une, deux, trois fois. Il semblait plus fort que ses deux compagnons, mais ne poursuivait pas ses accelerations si bien que Pate et Gerrans revenaient toujours sur lui,au train. Ayant laisse passer sa chance, c'est Gerrans qui s'imposa finalement devant le malheureux Martinez et le surprenant Americain David Pate.

Derriere, la bataille faisait rage. Cadel Evans semblait a la limite de la rupture. Menchov plaa une nouvelle acceleration a 3 kilometres de l'arrivee. Seul Kohl et Sastre parvinrent a prendre sa roue. Valverde, bien mieux que dans les Pyrenees, suivit le trio, pas tres loin derriere. Voyant que Cadel Evans ne pouvait pas reagir, Bernard Kohl, a seulement 48 secondes d'Evans au General, en rajouta une couche et donna alors tout dans les derniers hectometres. A 800 metres de la ligne, ce fut au tour de Franck Schleck de distancer Cadel Evans. Kohl termina 5eme de l'etape mais repris surtout 47 secondes a Cadel Evans. Suivirent a quelques secondes Sastre, Valverde et Menchov. Franck Schleck termina 9eme a 38 secondes de Kohl mais surtout 9 secondes devant Evans, 12eme. Le premier Franais Sandy Casar fini 17eme a 5 minutes et 42 secondes du vainqueur, une petite minute derriere les favoris. Belle course du Franais, qui semble en jambe dans les Alpes.

Grace a son acceleration dans les derniers hectometres, Franck Schleck devient, pour 7 petites secondes, le nouveau Maillot Jaune de ce Tour de France 2008 a l'issue de cette premiere etape des Alpes. L'Autrichien Kohl, demi-surprise dans ce Tour, est deuxieme. Cadel Evans est 3eme a 8 secondes. Suivent Menchov a 38 secondes, Van De Velde a 39 secondes et Sastre a 49 secondes. Soit six coureurs en moins de 50 secondes! Une grande premiere dans le Tour de France, si pres de l'arrivee. Alejandro Valverde est 9eme a 4 minutes et 11 secondes. Le premier Franais, Amael Moinard est 20eme a 13 minutes et 55 secondes de Schleck.

Au terme de cette etape, plusieurs constats s'imposent. Tout d'abord, Franck Schleck dispose reellement d'une tres tres grande equipe. Le formidable boulot effectue par ses equipiers dans la deuxieme partie de la vallee puis par son frere Andy Schleck qui s'est sacrifie pour lui montre que Schleck et Sastre disposent, a travers cette equipe, d'un soutien de choix. Et c'est ce qui fait la difference avec des coureurs comme Menchov ou Evans qui eux doivent se debrouiller tous seuls. Peut-on gagner sans equipe? C'etait le debat de la soiree sur RMC. Greg Lemond l'avait fait en 1989. Alors pourquoi pas!

Aussi, on a pu voir que, dans une montee pourtant pas tres longue ni tres difficile, des ecarts assez importants avaient ete creuse. On peut donc penser que les ascensions du col de la Lombarde, du col de la Bonette ou encore du col de la Croix de Fer vont faire tres mal et faire de grosses differences. On a pu voir que Cadel Evans n'etait pas au mieux et que, quand des coureurs l'attaquent de toute part, il est en difficultee. On a pu egalement se rendre compte de la forme resplendissante du jeune Autrichien Kohl ou encore de Denis Menchov qui semblait, avant sa chute, le plus fort parmi les favoris. Van de Velde est toujours la mais semble tout de meme constamment a la rupture. Nous doutons de ses capacites a suivre le rythme lors des deux prochaines etapes de montagne. Enfin, Franck Schleck semble lui avoir gerer sa montee. Il a tres certainement ete bride par la volonte d'assurer la conquete du Maillot Jaune. Il n'a pas voulu par consequent prendre le risque d'attaquer trop tot et a donc attendu les derniers hectometres pour distancer Evans. On a le sentiment qu'il aurait pu le faire bien plus tot.

En resume, les hommes en forme du moment se nomment Franck Schleck, Kohl et Menchov. Les favoris qui nous semblent juste dans la Montagne sont Evans, Van de Velde. Reste Valverde, qui a semble bien en jambe aujourd'hui mais qui nous a habitue a des defaillances subites. Quant a Sastre, meme s'il a creuse un ecart aujourd'hui, il semblait tout de meme en difficultee en debut d'ascension et apparait donc un ton en dessous des Mencohv, Kohl et Franck Schleck. Ces derniers, s'ils veulent avoir une chance de s'imposer dans ce Tour de France se doivent dans les deux prochaines etapes de creuser des ecarts consequents sur Cadel Evans! En effet, apres les Alpes, il restera principalement un CLM de 57 kilometres a disputer. Quand on sait que Evans avait mis a Kohl 1 minute et 20 secondes en seulement 30 kilometres....

Demain, jour de repos bien merite pour les coureurs. Surtout pour Sebastien Chavanel qui est arrive 40 secondes avanthors delai. C'est aussi cela le velo et cela fait plaisir de voir qu'il n'a pas renonce et qu'il est alle chercher au fond de lui meme les dernieres ressources qu'il possedait pour ne pas finir hors-delai.

Mardi, seconde etape des Alpes, avec deux cols HC a gravir. Le col de la Lombarde et le col de la Bonette long de plus de 20 kilometres chacun. Des ecarts importants pourraient etre creuser. Une belle bagarre en perspective dans un Tour de France plus indecis que jamais!


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