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TRIBUNE. Les services publics, clé de voûte d’une société humaine et solidaire

Publié le 21 avril 2020 par Particommuniste34200

Cette pandémie nous pousse à repenser notre société, tous convaincus qu’il y a un avant et un après. Selon nous, la période exige de remettre l’action publique au cœur la vie collective, de la revoir en profondeur et d’en recentrer les priorités.

Un fait indéniable marque la crise sanitaire que nous traversons : notre société ne peut se passer de services publics. C’est parce que des transports en commun sont maintenus, parce que les professeurs continuent leur travail, parce que nos déchets sont ramassés que nous pouvons tous être confinés. C’est parce que le personnel de l’hôpital public a su se mobiliser, au-delà du possible, que nos proches sont soignés, souvent sauvés et que le bilan catastrophique n’est pas plus alourdi. C’est enfin parce que nos laboratoires publics de recherche fonctionnent à plein régime que des essais fleurissent dans tout le pays et notamment dans notre ville.

Ces services publics, il leur est souvent reproché de ne pas être rentables, de trop coûter, d’augmenter les impôts, les cotisations des entreprises. Pourtant, plus que jamais nous comprenons qu’une part non marchande de notre économie est indispensable pour faire fonctionner la société.

Les agriculteurs, les caissières, les livreurs, tous les acteurs du privé qui continuent à travailler malgré les risques, nous permettent de faire face à nos besoins élémentaires. Mais eux, comme nous, avons besoin des services publics. Quelle économie, quelle société, peut-on concevoir sans une puissance publique émancipée de la tutelle des marchés financiers, avec des services efficaces qui en dépendent ?

La vision libérale du marché nous impose une société dans laquelle l’utilité est déterminée par la rentabilité financière. Nous en voyons les conséquences humaines, sociales, écologiques et économiques. Seule l’action publique permet justement de sortir de la recherche du profit personnel. Quand le service public de la recherche est un investissement majeur pour l’avenir, il s’agit de soigner les effets négatifs du marché et d’en modifier la structure économique pour la rendre sociale, écologique et durable. Une action où chaque individu est reconnu, protégé du

danger de la maladie, de la faim, du froid, et de la vie sans âme que serait une existence sans culture et éducation.

Le secteur public doit être aujourd’hui plus que jamais soutenu, repensé et modernisé pour faire face à cette crise et ses conséquences durables. En remettant la proximité, la solidarité et la démocratie en son cœur, le service public peut concrètement servir l’intérêt général et pallier toutes les inégalités que cette crise sanitaire a exacerbées.

Les choix fiscaux de ces dernières années ont permis à quelques-uns d’accumuler des fortunes immenses, et de capter une très grande partie des richesses de la France. Dans le même temps, les services publics ont été fragilisés, démantelés. Durant cette crise, nous payons chèrement les coupes budgétaires que subit l’hôpital public. On nous l’a dit, le confinement généralisé doit permettre de lisser la crise pour que l’hôpital soit en mesure de gérer les flux. Beaucoup de citoyens en prennent conscience, et expriment leur attachement au service public, au dévouement des fonctionnaires.

En premier lieu, l’hôpital public doit être libéré des logiques comptables. Jamais plus nous n’accepterons de lui voir opposer des arguments de rentabilité. C’est pourquoi nous avons lancé une pétition pour que la dette de l’AP-HM soit annulée par le gouvernement.

Il est ainsi urgent de redonner aux services publics les moyens de préserver la société, de la prémunir des crises et des dérives. Ce n’est pas un simple “retour à la normale” qui le permettra. C’est une refondation. Les services publics doivent reprendre la place qu’ils méritent dans notre société et avoir les ressources pour leur permettre une modernisation permanente.

Cette crise doit marquer le terme d’un cycle de quatre décennies de déferlement libéral pour en amorcer un autre qui appelle un interventionnisme public approprié. Nous appelons à un sursaut. Nous refusons de reconduire une société passéiste, où seule la loi du plus fort et d’une petite minorité règne, en creusant les inégalités. Le service public permet de respecter l’égalité dont les lettres s’étalent sur les frontons de nos écoles et de nos mairies.

Les services publics sont contrôlés démocratiquement par le vote. Les citoyens peuvent par leurs élus choisir de mettre toujours plus l’action publique au plus près des préoccupations des habitants, des salariés, des jeunes… Il faut désormais ouvrir de nouveaux champs d’intervention citoyenne. En permanence, la délibération citoyenne doit définir les priorités en termes d’intérêt général, qui seront traduites ensuite, concrètement, dans les services publics.

Cette période doit être l’occasion d’approfondir notre réflexion sur ce que nous attendons de notre ville. Dans le programme co-construit avec les Marseillais avant la crise, nous placions déjà les services publics municipaux en haut de nos priorités. Marseille souffre plus que nulle autre ville des inégalités sociales et territoriales, et nos propositions doivent aller encore plus loin. Notre ville doit devenir un modèle de résilience par le retour des services publics. Nous sommes convaincus que par l’ouverture d’espaces de démocratie, de lieux de culture, par des écoles dignes, par des transports en commun pour tous, nous pourrons recréer du lien social dans la ville.

C’est parce que notre majorité municipale ne sait pas travailler avec ce service public que nous, Marseillais, avons l’impression d’être oubliés : nous réalisons que sans cantonniers nos rues sont très sales, que sans les demandes de l’État, la Mairie peut attendre un mois pour s’occuper des plus précaires, que nous pouvons voir nos bus se surcharger dans certains secteurs sans qu’aucun des dirigeants locaux ne réagissent. Durant cette période de confinement, les inégalités se démultiplient parce que nos décideurs locaux détournent les yeux. Nous avons demandé et obtenu la réouverture de la cantine centrale pour permettre aux enfants qui subissent la pauvreté, de manger. Il est intolérable dans cette ville que la faim soit le quotidien de millier de familles.

Réinvestir dans les services publics, humainement, financièrement, c’est l’assurance pour toutes et tous de reconstruire une société plus forte, plus égalitaire, plus vertueuse et résolument écologique. Ce sursaut sera salutaire.

TRIBUNE. Les services publics, clé de voûte d’une société humaine et solidaire
21 avril 2020

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