Alain Suied, choix de textes

Par Poesiemuziketc @poesiemuziketc
Paradoxe
La parole, toujours, est paradoxale :
surgie d’un lieu obscur
mais lueur d’un espoir futur
don et retrait, question sans réponse
sinon différée. Absente ? Non.
Appel et mystère, insondable matière
et immédiate présence.
Paradoxe d’être parole :
au bord du silence, frontière imaginaire
et pourtant souffle
souffle vivante
(extrait de « sur le seuil invisible » ©éditions Arfuyen )

.
Millions d’années
De la molécule à la mémoire
de l’atome au sourire
de la particule à la blessure
toute chose vivante ou morte
a sa place dans le passé
a sa place dans le présent
et veut se maintenir
au creux de l’avenir
Dans toutes les dimensions
de la conscience, la lutte
universelle, depuis des millions d’années
brûle et brille
pour éclairer
un rêve d’éternité
(extrait de « sur le seuil invisible » ©éditions Arfuyen)

.
Tu es revenue dans le rêve
comme détachée du surcroît
de la vie sociale.
Et le frêle esquif
de la réalité
n’était plus
qu’une lueur
sur l’océan de l’Inconnu
Mais le pire
ce fut de redécouvrir
l’absence
quand chaque vague
me rapprochait
de la rive du réveil.
(extrait de l’Ouvert, l’Imprononçable ©éditions Arfuyen)
Le monde est libre
de tous nos regards.
Mais nous ne sommes pas
libres du monde.
L’espace est libre
des appels du monde.
Mais l’espace n’a pas
de regard sur le monde.
L’œil aussi
est rond et noir
avant le soleil
du regard.
(extrait de l’Ouvert, l’Imprononçable ©éditions Arfuyen)