Avec l’annonce du déconfinement le 11 mai, une série d’interrogations se sont fait jour sans que le premier ministre ne puisse, dimanche, totalement les lever.
Assurer le service après-vente de l’allocution présidentielle s’est avéré être un casse-tête pour Édouard Philippe, dimanche. Dès le matin, Matignon s’est échiné à prévenir : aucune grande annonce n’est programmée lors de la conférence de presse du premier ministre. D’ailleurs Jean Castex, en charge de l’organisation du déconfinement annoncé pour le 11 mai, assure que le dévoilement de son plan ne se fera pas avant fin avril. Le chef du gouvernement s’est donc livré à un exercice qui se veut « pédagogique », alors que le nombre de décès frôle les 20 000, mais que le total des personnes hospitalisées décroît. Le format, déjà vu trois semaines auparavant, comprenait scientifiques et ministre de la Santé à ses côtés.
La première mise au point est cependant venue de l’Élysée même, à propos du confinement prolongé pour les personnes âgées évoqué par le président lors de son intervention lundi dernier. Devant la levée de boucliers des plus de 65 ans, qui représentent une part non négligeable de l’électorat macroniste, le rétropédalage ne s’est pas fait attendre. « Le chef de l’État ne souhaite pas de discrimination entre nos concitoyens après le 11 mai » et « en
appellera à la responsabilité individuelle », a indiqué l’Élysée vendredi soir.
Écoles, port du masque, transports en commun… plusieurs scénarios à l’étude
À l’autre bout de l’échelle générationnelle, la future réouverture des écoles est au cœur des préoccupations. « La reprise à partir du 11 mai sera progressive », insiste sur tous les tons Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’Éducation nationale. Plusieurs scénarios seraient à l’étude rue de Grenelle : un déconfinement par tranche d’âge, par catégorie d’élèves ou encore par région. Les uns comme les autres posant une série de problèmes à propos desquels le ministre renvoie au travail en cours. « Nous échangeons actuellement avec les partenaires sociaux, les fédérations de parents, les délégués de la vie lycéenne mais aussi les collectivités territoriales pour déterminer les modalités précises de cet accueil », assène Blanquer, promettant une réponse d’ici deux semaines.
Les collectivités, communes en tête, sont aussi mises à contribution par le président de la République pour « permettre à chaque Français de se procurer un masque grand public ». Si nombre de villes, départements et régions ont multiplié les commandes et mettent en place des réseaux citoyens pour en confectionner, beaucoup alertent. « La somme de ces initiatives, aussi louables soient-elles, ne nous permettra pas de fournir des masques à tous les habitants au 11 mai », prévient Philippe Bouyssou, maire PCF d’Ivry, dans un courrier au
préfet du Val-de-Marne. « Il est indispensable que le rôle des collectivités soit clarifié au niveau national en matière de commande, d’approvisionnement, de stockage et de distribution », demande également le maire EELV de Grenoble, Éric Piolle. De la même façon, le gouvernement est attendu au tournant sur la question des tests ou du traçage numérique, dont l’examen est pour l’instant prévu sans vote au Parlement.
Autre gros nœud de la reprise de l’activité : les transports en commun. Si les grandes villes, à l’instar de Paris, ont prévu de développer les pistes cyclables pour désengorger bus et métro sans saturer la circulation automobile, les opérateurs de transports en commun y estiment impossible le respect de la « distanciation sociale » et recommandent d’y rendre obligatoire le port du masque. Pour l’heure, l’exécutif préfère l’usage du terme « systématique »…
À vingt jours du 11 mai, les questions demeurent plus nombreuses que les réponses.
20 avril 2020 (Photo : Thibault Camus/Pool via Reuters)