Le président Macron a terminé son allocution télévisée en disant : « Nous aurons des jours meilleurs et nous retrouverons des jours heureux ».
Macron et ses communicants ont probablement voulu faire un rapprochement subliminal. Pendant les années sombres de l’occupation allemande l’espoir de jours meilleurs était porté par le Conseil National de la Résistance dont le programme s’appelait justement Les Jours Heureux.
Les promesses du CNR, notamment les objectifs économiques et sociaux retenus pour le jour d’après la capitulation de l’Allemagne ont été tenues : en particulier, « le retour à la nation des grands moyens de production monopolisés, fruit du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurances et des grandes banques » et « un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État », et enfin, le droit au travail et au repos, la sécurité de l’emploi, etc.
Mais ça, depuis 1945, le patronat ne l’avait jamais accepté. Denis Kessler, ancien N° 2 du Medef, écrivait en octobre 2007 dans l’hebdomadaire Challen-ges : « Il s’agit aujourd’hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance ».
L’idéologie ultra-libérale prétend que l’intervention de l’état en économie conduit à la servitude. Toute l’histoire de capitalisme montre que c’est au contraire la loi qui libère et la déréglementation qui opprime. Eh bien, malgré les crises financières répétitives, malgré le chômage de masse, malgré la répartition de plus en plus inégalitaire des richesses créées, les libéraux menaient la danse.
Des lois ont affaibli dangereusement les hôpitaux, l’éducation nationale et l’enseignement supérieur. La fiscalité a favorisé le capital au détriment des salaires et des retraites. Mais la pandémie est passée par là. Tout le monde a vu concrètement les carences de l’économie de marché.
Il est clair que plus rien ne sera comme avant, ce qui nécessite un changement radical pour restaurer les garanties collectives et les services publics assurant la qualité de vie et le bien commun.
19 avril 2020