Je n'ai appris qu'une chose durant toutes ces années: "Le destin n'existe pas!". C'est le nom qu'on donne à nos faiblesses et nos petites lâchetés. Il faut vivre tout simplement, faire face, avec nos propres idées et bien prendre la mesure de notre impuissance. Mais la seule chose à laquelle on n'échappe pas, c'est la famille.
Ce que dit un des personnages d'Atlas aurait pu être mis en épigraphe par Laurent Koutaïssoff à son roman, qui raconte l'histoire de Christophe Doinet, parce que cela la résume bien et la met en perspective.
Christophe Doinet est un jeune homme qui semble toujours ailleurs. Au début il travaille dans un magasin de DVD, Valentino. Il y a été embauché par Allan, parce qu'il connaît bien les films sans les avoir vus.
Christophe est un grand lecteur de critiques de cinéma. Sinon, il lit très peu, hormis peut-être un livre aimé, Le Comte de Monte-Christo, qu'il a tenté d'offrir à son père après l'avoir dérobé dans une proche librairie.
S'il ne lit guère, il connaît aussi bien les livres que les films. Isabelle Renaud, la libraire, à qui il a rapporté le Dumas, dont elle lui fait la lecture, les lui raconte par le menu et il en enregistre le contenu dans sa tête.
Alors que le Comte de Monte-Christo se venge à la fin de l'histoire, Christophe le fait à son début. Il met un jour le feu à l'appartement familial qu'il occupe tout seul depuis que ses parents ne sont plus de ce monde.
Cet incendie volontaire lui vaut un an de prison, ce à quoi il s'attendait, sans le détourner de la commission de cet acte, dont on ne comprend la raison que peu à peu, comme tant d'autres choses de son existence.
Cet an de prison est un entre-deux, entre un passé, où les peines sont plus nombreuses que les joies, et un avenir qui se profile curieusement avec un travail dans une déchetterie où il doit surveiller le niveau des bennes.
Le lien, entre cet avant et cet après, est un cahier, une sorte d'aide-mémoire, que seul il peut décrypter et dans lequel il écrit, dessine précisément ce qu'il voit ou ressent, colle photos qu'il prend ou images qu'il découpe.
Des occasions se présentent à Christophe qu'il saisira pour avancer. Il acceptera les aides que lui offrent des personnes compréhensives et la définition du mot atlas qu'il recherchait éperdument lui sera donnée in fine.
Francis Richard
Atlas, Laurent Koutaïssoff, 296 pages, Bernard Campiche Editeur